Le Temps-Agences - La déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo constitue "un défi" qui menace l'ordre juridique international, a assuré hier la Serbie alors que le Kosovo l'a qualifiée d'"irréversible", devant la Cour internationale de justice (CIJ). "La déclaration d'indépendance du Kosovo est un défi pour l'ordre juridique fondé sur le principe de la souveraineté des Etats", a déclaré le chef de la délégation serbe, Dusan Batakovic, à l'ouverture des audiences devant la Cour, chargée de rendre un avis non contraignant. "L'indépendance du Kosovo est irréversible et le restera", a assuré de son côté le ministre kosovar des Affaires étrangères, Skender Hyseni, aux quinze juges du principal organe judiciaire des Nations unies à La Haye, qui rendront leur avis dans plusieurs mois. La Serbie avait obtenu le 8 octobre 2008 de l'Assemblée générale de l'ONU qu'elle saisisse la Cour sur la conformité au droit international de la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo, le 17 février 2008. "La question dont vous êtes saisis est essentielle pour mon pays, le Kosovo étant le berceau historique de la Serbie, et essentielle pour son identité", a dit aux juges M. Batakovic, ambassadeur de la République de Serbie en France. La déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo est "une tentative pour mettre fin à l'administration de l'ONU et à la souveraineté de la Serbie sur sa province méridionale", a continué M. Batakovic, rappelant que le Kosovo a été placé sous l'administration des Nations unies en 1999 en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité. Soixante-trois pays, dont 22 des 27 pays de l'Union européenne et les Etats-Unis, ont reconnu l'indépendance du Kosovo, qui compte 2 millions d'habitants, dont 90% sont Albanais. "La résolution 1244 a mis en exergue la nécessité de préserver l'intégrité territoriale de la Serbie sur la province du Kosovo", a expliqué M. Batakovic, qui est aussi directeur adjoint de l'Institut des études balkaniques de Belgrade. Plusieurs experts en droit international sont venus étayer les positions de la Serbie et du Kosovo. "Ni le droit international, ni la résolution 1244 ne contiennent des règles qui s'opposent à la déclaration d'indépendance du Kosovo", a assuré ainsi le juriste Daniel Muller, du Centre de droit international de Nanterre (CEDIN), pour le Kosovo. Le chef de la délégation serbe a réaffirmé le souhait de Belgrade de reprendre des négociations avec Pristina sur le statut du Kosovo en cas d'avis de la CIJ favorable à Belgrade. "La Serbie rejette l'affirmation selon laquelle toutes les alternatives de négociations ont été épuisées", a-t-il assuré. "Nous ne pouvons pas participer à des négociations qui remettraient en question notre statut en tant qu'Etat indépendant et souverain : il ne peut pas y avoir de retour en arrière", a riposté le ministre kosovar des Affaires étrangères Skender Hyseni. "Malgré les difficultés du passé et les souffrances endurées par le peuple du Kosovo, nous souhaitons de bonnes relations de voisinage avec la Serbie", a-t-il assuré après avoir évoqué les "crimes contre l'humanité" commis durant la guerre de Kosovo (1998-1999), qui a opposé les forces serbes aux séparatistes albanais. Se déclarant favorable à des discussions avec la Serbie "sur des questions pratiques d'intérêt commun", il a souligné qu'elles devaient se tenir "sur une base égale, entre deux Etats souverains".