Le harcèlement de rue est une souffrance quotidienne pour la majorité des Tunisiennes et les chiffres en témoignent. Mais si vous êtes une femme et noire pardessus le marché, vous risquez d'en souffrir doublement. A travers ce témoignage, Sabrine, une jeune tunisienne, raconte sa mésaventure hier dans le centre-ville de Tunis et son cas n'est pas unique. D'ailleurs, en juin 2016, la société civile tunisienne a présenté un projet de loi criminalisant le racisme. « N'ai-je pas le droit, de me promener dans les rues de mon pays, sans entendre des insultes à cause de la couleur de ma peau? » annonce la jeune femme sur sa page facebook… « Je marche le long de l'avenue Habib Bourguiba avec Mon ami Youssef qui est "blanc". En paix, ravis de se retrouver comme d'habitude. Une voiture passe près de nous et j'entends, sans se soucier de personne, à haute voix, une insulte à connotation sexuelle parce que je suis noire. Mon ami décide de prendre le numéro de la voiture. Ils l'insultent. De suite Youssef réagit, voyant que les policiers ne sont pas loin. Alors, ceux qui se trouvent dans la voiture, commencent à s'affoler et à nous insulter : -Vous ne pouvez rien nous faire...P***...Noire, et autres insultes. Le conducteur descend de la voiture, pas en état de conduire, agressif, à notre poursuite, prétend qu'il a quelqu'un d'influent au service de la police. Nous arrivons jusqu'aux policiers et ces derniers l'arrêtent .Ses deux amis nous rejoignent et se mettent à nous menacer: -Si vous portez plainte, vous aurez affaire à nous! Tous au septième "GORJéNI", les policiers font leur boulot et je dépose ma plainte pour agression verbale raciste. J'ai eu comme question: Pourquoi tu tiens à cette plainte? Ma réponse! Pour faire court, les insultes à cause de ma couleur, je les affronte matin, après midi et soir, depuis mon plus jeune âge. Aujourd'hui j'ai été agressée verbalement entre la grande montre de l'avenue et la statut de Habib Bourguiba, j'aurais pu me faire agressée, loin des yeux, dans une rue sombre. Je ne suis pas un cas isolée, d'autres se font, quotidiennement, agressés à cause de leur couleur. Ces gens finissent par haïr leur pays et leur histoire à cause de ces agressions, répétitifs, aux yeux de tous, Donc je me demande: -Jusqu'à quand les noirs tunisiens seront agressés partout ? -C'est mon droit d'être en paix dans mon pays, peu importe la différence » a-t-elle écrit. Au-delà d'une loi qui criminalise ces agissements, nous autres Tunisiens avons besoin de prendre conscience de ce phénomène qu'est le racisme et dont bon nombre de nos concitoyens souffrent quotidiennement. « La dénégation du racisme constitue le principal obstacle entravant la lutte contre la discrimination raciale en Tunisie » annonçaient, au mois de juin dernier, plusieurs composantes de la société civile (dont le FTDES, le CRLDHT et le REMDH) dans un communiqué conjoint.