La justice française a décidé vendredi que le rappeur tunisien Weld el 15, installé à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), pourrait rester en France malgré ses liens d'amitié avec un membre de son groupe mort récemment en combattant aux côtés de Daech. La cour administrative d'appel de Nantes a en effet rejeté le recours de la préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui avait fait appel le 22 décembre de l'annulation de l'Obligation de quitter le territoire français (OQTF) qu'elle a signifiée au rappeur. Les motivations des juges nantais, qui n'étaient pas encore connues, devraient l'être en début de semaine prochaine. Ala Edine Yacoubi, de son vrai nom, avait déjà obtenu gain de cause devant le tribunal administratif de Rennes en juillet dernier. Les juges rennais avaient ordonné à l'Etat de lui accorder le titre de séjour qu'il attend depuis huit mois. L'artiste avait été nominé en 2014 pour le prix Sakharov - qui récompense "la liberté de l'esprit" de ses lauréats, comme Nelson Mandela (Afrique du sud) ou Aung San Suu Kyi (Birmanie) - après ses démêlés avec la justice tunisienne : Elle l'avait condamné à deux ans de prison ferme en 2013 pour avoir "outragé" la police dans une de ses chansons. La peine avait été ramenée en appel à six mois de prison avec sursis, mais le pourvoi en cassation déposé par les autorités tunisiennes faisait craindre au chanteur d'être incarcéré s'il venait à être reconduit dans son pays. La préfecture d'Ille-et-Vilaine avait indiqué vouloir "temporiser" sur sa demande de titre de séjour, invoquant un "comportement d'ensemble" qui représenterait "une menace pour l'ordre public" : outre ses liens d'amitié avec Emino, le membre de son groupe qui avait rejoint Daech, elle invoquait aussi des "violences conjugales" et "une consommation de cannabis" non contestées.