La chloroquine est-elle le remède miracle face à la pandémie de coronavirus ? C'est ce que prétend le professeur Didier Raoult. Mais des professionnels appellent à la prudence. Les médecins chinois ont été les premiers à effectuer des tests à base de chloroquine pour tenter d'éradiquer le virus. Et les résultats ont été encourageants : » la chloroquine avait une activité clinique contre le virus », rapporte l'IHU dans un communiqué. C'est à partir de ces données que le professeur Raoult a lancé son étude. Une vingtaine de patients atteints du Covid-19 ont été traités à l'hôpital de la Timone. Et les résultats se sont avérés positifs : « la prise de l'hydroxychloroquine est significativement associée à une réduction, voire une disparition de la charge virale sur les patients atteints du Covid-19 », peut-on lire dans l'étude. Et si la chloroquine était le remède miracle pour combattre le Covid-19 ? C'est en tout cas ce qu'avance depuis le 25 février 2020 l'infectiologue Didier Raoult, responsable de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, de Marseille. « Une première étude chinoise est sortie sur l'efficacité de la chloroquine », résume-t-il. 500 mg de chloroquine administrés chaque jour pourraient vaincre le virus ». Depuis, c'est l'emballement. Les pharmacies sont prises d'assaut, et les images des files d'attente interminables circulent sur les réseaux sociaux. Notamment celle devant l'hôpital de la Timone dans la cité phocéenne, où le scientifique et son équipe effectuent des recherches. Le ministre de la Santé français Olivier Véran a toutefois indiqué lundi soir qu'il ne fallait pas utiliser la chloroquine en cas de coronavirus avéré, hormis pour les formes graves. Qu'est-ce que ce traitement ? Peut-on (vraiment) s'y fier ? Qu'en disent les autorités sanitaires ? Le point. Cette molécule, connue des voyageurs, est prescrite depuis plusieurs années contre le paludisme, une infection transmise par les moustiques. Elle est commercialisée sous le nom de Nivaquine ou Plaquenil, et recommandée lorsqu'on se rend dans une zone à risque, comme le Vietnam par exemple. Ce traitement est aussi utilisé contre des maladies auto-immunes comme le lupus. Prescrit sur ordonnance, ce médicament peut avoir des effets indésirables comme des nausées, un risque d'abcès au point d'injection, voire même des chocs anaphylactiques. Les médecins chinois ont été les premiers à effectuer des tests à base de chloroquine pour tenter d'éradiquer le virus. Et les résultats ont été encourageants : » la chloroquine avait une activité clinique contre le virus », rapporte l'IHU dans un communiqué. C'est à partir de ces données que le professeur Raoult a lancé son étude. Une vingtaine de patients atteints du Covid-19 ont été traités à l'hôpital de la Timone. Et les résultats se sont avérés positifs : « la prise de l'hydroxychloroquine est significativement associée à une réduction, voire une disparition de la charge virale sur les patients atteints du Covid-19 », peut-on lire dans l'étude. « Au bout de six jours, aucun d'entre eux n'avait le virus détectable », a précisé Philippe Parola, chef du service des malades infectieuses à l'IHU, à nos confrères de LCI. Au lendemain de la parution de cette étude, le gouvernement parlait d'essais « prometteurs ». Donald Trump, lui aussi, s'est dit enthousiasmé par cette avancée. Mais attention à l'emballement. Les avis d'experts divergent au sujet de ces résultats, et tous ne semblent pas unanimes. Première raison de ce désaccord : le nombre de patients testés. 20 à la fin de l'étude. Pour certains scientifiques, c'est un échantillon insuffisant pour réaliser une analyse. Dans un article paru sur Futura Sciences, le journaliste scientifique Julien Hernandez aborde aussi deux points ambigus : la méconnaissance de la charge virale (le nombre de copies d'un virus, NDLR) et l'état clinique des patients : Les tests de charge virale donnent des résultats variables selon les jours (un coup positif, un coup négatif puis de nouveau positif). On peut donc légitimement remettre en question la fiabilité actuelle de ces tests. Et de lancer : « Le suivi devait durer 14 jours, mais les résultats présentés ne vont que jusqu'au 6e jour, ce qui n'est clairement pas normal ». Interrogé par Actu.fr, Bruno Canard, chercheur au CNRS est ferme : « il faut des publications scientifiques sérieuses qui rapportent les résultats, bons ou mauvais ».