Depuis 2011, des centaines de djihadistes ont quitté la France pour combattre le régime syrien aux côtés de groupes islamistes. Mais les tensions entre ces différents mouvements font qu'aujourd'hui, ces Français pourraient être amenés à s'entre-tuer. Depuis le début du conflit en Syrie, des centaines de jeunes Français ont fait le choix du djihad et abandonné l'Hexagone pour combattre les troupes du président Bachar al-Assad. C'est le cas de Bilal, 23 ans, qui a quitté le pays au printemps 2013. Auparavant, ce pompier volontaire était également étudiant en licence d'économie à l'université de Grenoble. Comme beaucoup de jeunes djihadistes, Bilal a suivi une trajectoire complexe. À son arrivée en Syrie, il s'est battu dans les rangs du très radical Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), puis a rejoint une brigade d'al-Nosra créée au mois de décembre 2013. Ce regroupement présente la particularité d'être quasiment exclusivement composé de Français, explique Wassim Nasr, journaliste à FRANCE 24 et spécialiste des mouvements djihadistes : ‘La brigade française d'al-Nosra s'est constituée de facto. Des combattants plutôt francophones, une majorité de Français, se sont regroupés pour des raisons logistiques et pour le côté pratique de la chose. Ça veut dire que ce n'est pas une brigade perçue en tant que brigade française et qui combat en tant que brigade française. Elle est française de fait parce qu'il y a une majorité de Français dans cette brigade.' Al-Nosra, filiale officielle d'Al-Qaïda en Syrie, se bat contre le régime mais a aussi affronté l'EIIL ces derniers mois. L'EIIL, qui compte également des combattants français dans ses rangs. Des Français partis faire le djihad en Syrie sont donc présents dans les deux groupes et pourraient être désormais ammenés à s'entre-tuer. Une situation qui, selon Wassim Nasr, ne se serait pas encore présentée. ‘Effectivement, c'est paradoxal. Tous ces Français sont partis combattre en Syrie pour les mêmes raisons mais aujourd'hui, ils se retrouvent dans deux groupes qui sont en concurrence sur le territoire syrien. Théoriquement, des Français peuvent donc s'entre-tuer aujourd'hui en Syrie. Ce n'est pas encore arrivé mais ça pourrait se produire très rapidement', explique le spécialiste. Bilal, lui, ne vivra jamais cette situation. Selon ses compagnons, il a été abattu d'une balle dans le cœur, mi février, dans la région de Homs. Noirs, blancs, nord-africains… Les djihadistes français ont de multiples profils. Certains ne parlent pas arabe, d'autres sont tout juste convertis. Très peu en sont sortis vivants. En France, l'anti-terrorisme s'inquiète désormais du danger représenté par ceux qui sont revenus sur le territoire.