Les heurts, qui ont opposé plusieurs manifestants aux forces de l'ordre jeudi à Istanbul, ont fait deux morts et neufs blessés. Un homme a été grièvement blessé par arme à feu en milieu de journée, jeudi. La seconde victime est décédée ce vendredi des suites de ces blessures, il avait participé aux violents affrontements, cette nuit, avec la police. Ces drames interviennent après l'accident minier de Soma qui fait 301 victimes et ravivé la colère d'une partie de la population contre le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Une semaine après la catastrophe minière, plusieurs centaines de personnes et des opposants à Erdogan ont en effet manifesté jeudi dans la soirée à Istanbul contre le gouvernement de l'AKP (parti de la Justice et du développement, au pouvoir depuis 2002), accusé d'avoir négligé la sécurité des mineurs et d'avoir manqué d'empathie pour les victimes du drame. Les manifestants, qui ont réussi à converger dans le quartier de Kadiköy malgré une forte présence policière, ont demandé des «comptes à l'AKP». Ils réclament une nouvelle fois la «démission du gouvernement», accusé de compter dans son sein des «assassins». Touché d'une balle dans la tête alors qu'il assistait aux funérailles d'un proche Plus tôt dans la journée, en marge d'un rassemblement, un homme de 30 ans qui se trouvait dans un Cemevi (temple religieux des alévis, une minorité religieuse) dans le quartier d'Okmeydani, où il assistait à une cérémonie funéraire d'un proche, a reçu une balle en pleine tête. Il a été transporté à l'hôpital dans un état critique avant de décéder en fin de journée. Les manifestants dans ce quartier se sont violemment opposés aux forces de l'ordre, qui ont riposté avec des cocktails Molotov, des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau. Mais aussi tirant en l'air à balles réelles. «Des armes à feu ont été utilisées», a confirmé à la presse le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu, sans plus de précisions. «Vous êtes des assassins», ont scandé des centaines de manifestants massés à proximité de l'hôpital. Alors que Recep Tayyip Erdogan doit annoncer dans les prochains jours sa candidature à l'élection présidentielle, les autorités tentent de contenir tout mouvement contestataire. La police, en grand nombre dans les rues d'Istanbul, dresse un peu partout des barrages pour empêcher tout rassemblement et procède à de nombreuses interpellations. A quelques jours du premier anniversaire du mouvement de la place Gezi, la colère de la population s'est accentuée par l'accident de Soma, la pire catastrophe industrielle du pays. Le propriétaire de la maison mère Soma Holding, Alp Gürkan, est mis en cause pour avoir privilégié le rendement de l'entreprise au détriment des conditions de sécurité des mineurs. Huit personnes ont été inculpées et écrouées, dont le PDG de la mine de Soma.