Première édition du Festival National du Théâtre Tunisien Colloque : « La nécessité du Théâtre » Institut Supérieur des Sciences Informatique du Kef Samedi 21 septembre 2019
Inaugurée le vendredi 20 septembre 2019 Centre des Arts Dramatiques et Scéniques du Kef avec au programme notamment une grande cérémonie d'hommage aux comédiens et aux dramaturges qui ont pris part active à la création de la première troupe permanente du Kef dont feu Moncef Souissi, la première édition du Festival National du Théâtre Tunisien se poursuivra jusqu'au 16 novembre 2019 en célébrant dans les 24 régions de la Tunisie le Théâtre dans tous ses états. Ce festival propose outre les représentations de pièces théâtrales, des compétitions, des colloques, des workshops, des expositions, des hommages et plusieurs autres activités destinées notamment aux enfants. Ainsi, dans la deuxième journée de la première édition du festival, le comité directeur du festival a organisé une rencontre de réflexion sur le thème combien même évocateur : La nécessité du théâtre » avec la participation de Mohamed Mediouni, Mounir Argui, Saadok Mejri et la modération de Anis Hamdi. A l'ouverture de ce colloque, le conférencier Mohamed Mediouni a souligné que la réflexion sur les questions les plus évidentes est une attitude intellectuelle qui nécessite la confrontation des idées pour une meilleure compréhension des problématiques en question et nous posons ici la question de la nécessité du théâtre dans un contexte national et arabe en général. Tout être humain a t-il fait savoir d'emblée, a besoin d'une éducation idoine qui lui permet de communiquer avec l'Autre, dans un processus dialectique de compréhension de soi et du monde qui l'entoure. Le conférencier a passé en revue l'histoire du théâtre dans les pays arabes en partant de Marouan Al-Naqash, (1817-1955) qui a fondé un théâtre avant de le fermer plus tard en s'excusant d'avoir transformé l'espace en une église. Mediouni a évoqué ensuite l'expérience du Syrien d'Abou Khalil al-Qabbani, qui l'a conduit à fuir en Egypte pour y établir le premier noyau du théâtre. Le phénomène de rejet du théâtre et l'hostilité à son égard n'est pas une réaction au contenu de celui-ci mais dépasse cette question pour embrasser le théâtre en soi. Il s'agit d'un rejet total de l'existence même du Théâtre considéré comme dangereux du fait même qu'il pose des questions fondamentales, développe une vision autre de la vie et des rapports. Le Théâtre est dangereux, a t-il dit parce qu'il est une expérience liée à la citoyenneté et une quête de liberté et de libération. Mediouni a expliqué que le danger de l'acte théâtral est dû à la faculté de ce dernier à créer des mondes imaginés à partir d'un discours qui fait exploser toutes les idées reçus sans aucune référence aux autorités qu'elles soient politiques ou sociales, autre que celle du théâtre, citant dans ce contexte le grand critique d'art et dramaturge syrien Saadallah Wannous qui avait écrit : « le théâtre est dangereux parce qu'il est un théâtre une citation qui résume en soi toute la problématique du Théâtre comme pratique artistique et comme forme de communication. Dans son intervention, Mohamed Mediouni a évoqué l'histoire de l'enseignement en Tunisie en remontant à l'époque d'Abdelaziz Thaalbi, qui fut un Zeitounien. Le conférencier a rappelé qu'à cette époque il y avait un consensus sur la nécessité du théâtre entre des groupes censés avoir des différences idéologiques, à savoir les adeptes de la Zeytouna et ceux de la Sadikiya car ce mode d'expression permet la confrontation idéelle et contribue à la construction d'une société civile responsable à l'instar des associations théâtrales, ce qui explique l'importance du mouvement théâtral tunisien et son rôle précurseur dans le développement du Théâtre dans le monde arabe. Pour sa part, l'artiste Mounir Argui a soulevé au début de son intervention plusieurs questions fondamentales : « Existe-t-il un théâtre en Tunisie ou existe-t-il un théâtre dans un dialecte tunisien ? Qu'avons-nous préparé pour le théâtre ? Pourquoi ne pas construire des théâtres dans des établissements d'enseignement ? » autant de questions qui demandent une profonde et longue réflexion. Le théâtre tunisien est un théâtre amateur en termes de cadres, de législations, d'infrastructures et de conditions de production, a déclaré Mounir Argui, soulignant que la législation en place est obsolète dès lors qu'elle remonte à 1986 et n'a subie aucune actualisation. Mounir Argui a rappelé que le Théâtre a connait partout dans le monde une profonde transformation avec l'utilisation de grands moyens techniques sophistiqués rendant le dramaturge tunisien incapable de suivre ce développement, en raison des possibilités financières limitées. « Nous rêvons encore en Tunisie et le rêve est la source de notre force pour surmonter les obstacles de la réalité » a conclu l'artiste tout en rappelant les réalisations accomplies tant sur le plan de l'infrastructure et des subventions et qui restent en deçà des besoins