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Chronique, Le mot pour le dire : Camp de concentration ultra démocratique !
Publié dans Tunivisions le 14 - 05 - 2013

« C'est du Pascal sceptique, du Pascal déchiré, du Pascal qui aurait pu ne pas être croyant, du Pascal sans la grâce, sans le refuge dans la religion, que je me sens proche. C'est ce Pascal-là auquel je me sens apparenté… Parce qu'on imagine parfaitement Pascal sans la foi. D'ailleurs, Pascal n'est intéressant que par ce côté-là ».
Cioran, Glossaire, p. 1770
J'ajouterai, pour ma part : pas seulement Pascal, parce que tout homme, qui se laisse aller aux charmes faciles de la foi, ne manque pas de se métamorphoser en machine de haine et de guerre. La raison en est que la foi religieuse ne souffre pas la contradiction. Elle est entière et, pour défendre son intégrité, ne recule devant rien. Le problème, avec l'homme de foi, est d'être d'une susceptibilité à fleur de peau. A la moindre objection, il s'enflamme et, par la bouche de sa divinité, accable ses interlocuteurs de toute l'ignominie de la terre. En elle-même, comme toutes les trouvailles enfantées par les humains, la foi est inoffensive, mais cesse de l'être dès que son auteur ou son adepte se propose d'en faire profiter ses semblables, croyant œuvrer ainsi pour leur bien.
C'est là tout le piège dans lequel se débat la Tunisie d'après le 23 octobre 2011 : la foi républicaine, garante de l'unité nationale, est abandonnée au profit d'une foi, sectaire, dogmatique et rébarbative, dont les concepteurs entendent imposer par les moyens de persuasion – pardon, de coercition – appropriés, sous prétexte qu'elle est la seule à même de préserver l'identité nationale, compromise par six décennies de dictature. Dans l'esprit de ses promoteurs, leur foi est une sorte de panacée susceptible de remédier à tous les torts et de régénérer radicalement la société : une société, saine et pure, naîtrait le jour où cette foi salutaire deviendrait l'unique loi en vigueur.
Pour la première fois, dans l'histoire de l'humanité, une société verrait le jour où, tout le monde, absolument tout le monde, se conduirait, parlerait et penserait – mais pourquoi se donner la peine de penser quand la Loi vous propose de le faire à votre place ? – d'une manière absolument identique, exactement comme dans les utopies des affabulateurs de tous les temps. Il s'agirait, en somme, d'une société de robots, tout heureux d'être débarrassés de la tare ignominieuse qui accablait leurs prédécesseurs et qui expliquait qu'ils aient été incapables de s'entendre entre eux. Dans l'utopie nahdhaouie (qui se dit islamique, mais qui est, à proprement parler, islamiste), puisque c'est là en effet son nom, aucun son de cloche discordant ne se fait entendre. Fini le temps où les Abou Nouwas, les Maâri, les Tawhidi, les Ibn Arabi, les In Rochd, les Ibn Khaldoun, les Douagi, les Mahfoudh, les Haddad, et bien d'autres damnés de leur acabit, se permettaient de troubler l'ordre public par leurs scandaleuses saillies !
Dans ce paradis – terrestre bien entendu, dont la fonction est de faciliter l'accès au paradis céleste – islamiste, personne ne sentirait le besoin d'enfreindre la foi – ou la Loi, ou encore la Shari'a – puisque tous les croyants qui y résident ont été purgés définitivement, à la suite d'un puissant et fort efficace lavage de cerveau, du virus qui contaminaient naguère l'entendement de leurs sataniques ancêtres. Les prisons fermeraient leurs portes, les hôpitaux également, les écoles, les lycées, les universités, les usines, les administrations, les marchés ; tous fermeraient leurs portes. L'enfer, désormais inutile par décret islamiste, fermerait également toutes ses portes, puisqu'il est de notoriété publique qu'il en a plus que deux.
Seules les mosquées resteraient ouvertes à longueur de jour et de nuit pour permettre aux bienheureux de s'acquitter de leurs exercices de piété. Car, dans ce paradis islamiste à aucun autre semblable (pas même aux camps de concentration nazis !), les résidents ne sont redevables, en dehors des obligations religieuses rituelles, d'aucun autre devoir. La consigne est simple : pour être heureux, il faut être en accord avec le ciel ! Dieu, qui n'oublie jamais ses fidèles, se chargerait du reste, autrement dit de les nourrir, les vêtir, les blanchir, les loger et, le cas échéant, les marier aux houris de l'éden. Voilà pourquoi les bienheureux n'auraient plus besoin de trimer comme des nègres (dits esclaves sous les cieux théocratiques d'un autre paradis terrestre que les islamistes tunisiens entendent calquer fidèlement) pour gagner leur pain à la sueur de leurs fronts. Les commandeurs des croyants s'occuperaient de la circoncision de leurs garçons, du mouton de l'aïd, du mariage de leurs enfants, de préférence pubescents et nubiles, des niqabs de leurs femelles, des horkas et des Nike de leurs mâles, futurs moudjahiddines pour la gloire de Dieu, de l'immunisation de leur révolution, de la brika à l'œuf du ramadan ; bref de tout ce dont ils auraient besoin tant qu'ils continueraient de voter pour ces modèles déposés de piété, made in the Sahara.
Pour mettre à l'aise les résidents et veiller à leur bonheur, des brigades d'anges-gardiens volontaires (que les mauvaises langues appellent milices ou polices parallèles) sont partout pour apprendre à leurs initiés comment marcher dans la rue, qui regarder et sur qui ne jamais porter le regard, comment se vêtir, quand ils devraient se rendre à la mosquée et à quel moment précis il faudrait repartir, comment adorer Dieu et obéir à ses saints lieutenants – que Dieu les agrée tous autant qu'ils sont, à commencer par le Big Gourou –, comment se protéger contre le mauvais œil et les esprits malins (des cycles de formation ont été organisés où les plus grands experts internationaux de cette précieuse spécialité ont exhibé publiquement leurs prestations dans les mosquées, les stades et sur les places publiques), comment saluer ses frères – je dis bien frères – dans la foi, comment baiser sa moitié – pardon, copuler ou faire l'amour (mais non, c'est de procréer qu'il s'agit, car dans ce paradis nahdhaoui, les hommes procréent, et c'est pourquoi chacun dispose d'un à quatre champs – Ah ! la elle métaphore ! – à labourer et ensemencer tout seul) –, quand il faudrait se coucher et à quel moment faudrait-il être prêts pour la prière de l'aube et, chose extrêmement importante, comment accéder aux toilettes et quel pied y mettre le premier, comment se laisser pousser la barbe, comment se doter d'une marque bleue en plein front ; bref, ces brigades de la sauvegarde de la vertu – l'une des plus belles trouvailles du paradis ultra-démocratique nahdhaoui ! – veillent scrupuleusement, gourdins aux poings – à terroriser les démons qui guettent dans le noir – sur le bon fonctionnement de l'ordre dans l'Utopie Nahdhaouie de Tunisie, glorifiée par l'Ultra-laïc, actuellement président au repos, dans un essai brillant, intitulé : Enfin, le paradis sur terre !
Ce genre de paradis, encore dans sa phase expérimentale, n'a pas besoin, à proprement parler d'une constitution puisqu'il ne reconnaît, pour loi, que la foi nahdhaouie pure et dure, dont les dogmes principaux ont été calligraphiés par des mains expertes et placardés à des endroits divers de la cité pour que les bienheureux croyants les aient constamment sous les yeux. Pour l'édification de nos lecteurs, encore réfractaires aux bienfaits avérés de l'islamisme à la sauce nahdhaouie, nous reproduisons le texte intégral de ce chef-d'œuvre juridique, jamais égalé selon les dires de l'ultra laïc, le distingué président de l'assemblée des anges qui l'a concocté :
ARTICLE PREMIER
« Allah n'a qu'un parti et un seul, qui ne saurait se multiplier. D'autres partis existent, ce sont ceux de Satan, des idoles et des fausses divinités. Il existe de même un seul foyer, celui de l'Islam, régi par un Etat musulman qui gouverne selon la Shari'a d'Allah, applique les dispositions légales prévues par la Loi de Dieu et où les musulmans sont solidaires les uns des autres. En dehors de ce foyer, tout le reste est terre de guerre avec laquelle le musulman est en conflit ou en trêve en vertu d'un accord convenu. Il n'en demeure pas moins que cette terre n'est pas terre d'Islam et qu'il n'existe pas de solidarité entre ses habitants et les musulmans »([1]).
ARTICLE SECOND
« Il n'y a qu'une seule voie de salut qui consiste dans le fait qu'une élite, qui réalise les véritables visées de l'Islam, recrutée parmi les frères ou en dehors d'eux, se mobilise et font de leur mieux pour corriger la foi des gens et leur faire comprendre le véritable sens de la shahada stipulant qu' il n'y a de dieu qu'Allah. Il n'y a pas aujourd'hui sur la terre entière de rassemblement musulman au vrai sens du terme. Ceux qui comprennent véritablement l'Islam constituent le noyau de ce rassemblement »([2]).
ARTICLE TROISIEME
« La mise en application de l'ordre de Dieu est entravée par des obstacles matériels fomentés par les services de l'Etat, l'ordre social et les conditions naturelles. Lorsque de pareilles entraves et empêchement matériels existent, il faut s'employer à les faire disparaître par la force »([3]).
ARTICLE QUATRIEME
« L'idolâtrie se réalise une fois que le droit de légiférer est accordé à un autre qu'Allah, même si on continue, par ailleurs, de croire à la suprématie de Dieu et de l'adorer conformément aux rituels convenus ». C'est sur cette base qu'il est avéré que « tous les régimes ainsi que tous les pays musulmans qui ont adopté des dispositions législatives autres que celles consignées dans le Livre et tradition prophétique ont renié Dieu et se sont substitué à lui. Tous ceux qui lui obéissent par conviction sont des apostats »([4]).
ARTICLE CINQUIEME([5]):
« Le monde, compte tenu de l'origine des lois qui y régissent la vie, vit dans la jahiliyya que ne n'atténuent point les facilités extraordinaires et le formidable essor matériel. Cette jahiliyya consiste dans le fait que Dieu a été spolié de sa principale prérogative qui fonde sa divinité, à savoir le pouvoir. La jahiliyya octroie le pouvoir aux hommes, les convertissant ainsi en dieux, non pas de la manière, naïve et primitive, de la première jahiliyya, mais conçue, cette fois-ci, comme l'aptitude à concevoir des valeurs, des représentations et des codes juridiques et législatifs indépendamment de la Loi de Dieu, c'est-à-dire de ce que Dieu autorise. En dépossédant Dieu de son pouvoir, on porte préjudice aux intérêts de ses créatures »([6]).
N.B : « Cette mini-constitution – la quintessence du génie juridique dans l'ici-bas – a été paraphée par le Big Gourou en personne, sur ordre express du Ciel, se disant – pour la première fois semble-t-il – content de ce groupe minuscule d'hommes et de femmes qui se sont employés, au risque de leur vie, à servir ses intérêts suprêmes. Le Ciel autorise donc ses représentants attitrés de prendre toutes les dispositions nécessaires pour faire valoir ses volontés. S'il fallait décimer les deux tiers de la population pour préserver la foi du tiers restant, les hommes d'Allah devrait s'acquitter de ce devoir sacré la conscience tranquille. Car il est dit que « qui refuse d'admettre l'évidence n'a pas de place au paradis ». Amen ».


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