L'une des dimensions de l'analyse de la crise politique que connaît le pays a trait à la situation de l'opposition démocratique. Elle reste, malheureusement, gangrénée. Soit par l'émiettement, la division. Soit par la guerre des ego. Soit par les fausses polémiques qui sont complètement déconnectées par rapport aux soucis quotidiens du citoyen. Soit par les volte-face, les dissensions et les scissions incompréhensibles à l'œil nu. Mais quelle que soit l'origine de la division de l'opposition démocratique, l'idée qu'une différence d'appréciation sur tel ou tel aspect de la vie politique ne doit pas constituer un obstacle qui empêche de construire une plate-forme partagée par toutes les sensibilités de l'opposition démocratique et qui sera le cadre d'action pour ce qui reste de la période de «transition» et pour la préparation des échéances électorales à venir. Le sursaut de l'Etat national est à ce prix. Cette plate-forme peut être conçue -lorsque tous les acteurs acceptent de se libérer de l'inflation de leur Moi- sur la base des grands acquis de l'Etat national, le développement de l'enseignement, l'enracinement des droits de la femme, l'accroissement des couches, le développement de toutes les régions, le partage équitable des fruits de la croissance et la vitalisation de l'être citoyen. Au lieu de s'empêtrer dans le marécage de la guerre de position en fonction de l'évolution des «sondages», les membres de l'opposition sont invités, par ailleurs, à développer une vision politique globale des réalités politiques. Il suffit de suivre ce que disent les ténors de l'opposition démocratique sur les plateaux de télévision ou sur les ondes de radio pour comprendre que cette vision leur défaut. Or, cette carence est la cause principale des divisions. L'alternance démocratique reste objectivement tributaire de cette vision sous peine de voir les uns et les uns continuer leur fuite en avant dans le jeu d'alliance contre-nature dictées par un simple calcul d'opportunisme politique. Sous peine de voir l'opposition démocratique verser dans la gesticulation politicienne et le jeu de mots qui ne répondent en aucun aux maux des citoyens. Et de ce fait perdre toute crédibilité aux yeux de l'opinion publique. La préparation de l'alternance politique et la planification de la relève impliquent la constitution d'un front de l'opposition démocratique pour le présent et pour l'avenir. Pour promouvoir le processus de transition démocratique et pour asseoir les fondements des institutions dans le contexte de l'après 14 janvier 2011. Ceux qui s'entêtent à brandir contre vents et marées l'étendard de leurs petites chapelles idéologiques ou à caricaturer les positions d'une très grande partie de l'opposition démocratique jouent la carte de faux calculs politiques. Le paradoxe de la situation politique est voir des organisations nationales comme l'Ugtt et l'Utica travailler la main dans la main pour sauver l'économie et sauvegarder la paix civile, alors que l'élite politique –notamment celle qui gère les affaires du pays- continue dans le «jeu de l'autruche» avec un discours d'autoglorification d'un autre temps. Ce qui montre que l'alternance politique appelle à forger un front de l'opposition démocratique. L'alternance politique saine et démocratique est à ce prix : il lui faut ses forces agissantes, il lui faut sa culture, il lui faut ses idées. Et surtout, il lui faut un état d'esprit et une mentalité politiques. Loin de toute démagogie. Loin de toute hégémonie. Loin de toute exclusion. Alors, à quand la mise en place d'une «plate-forme partagée» et la création d'un «comité de liaison permanent» de toutes les parties qui composent aujourd'hui l'opposition démocratique ?