Deux grandes fausses ont marqué la vie politique nationale ces derniers temps, et certains mettent ces fausses notes sur le compte du travers de la démocratie ou de l'apprentissage de la démocratie. La première grande fausse note, c'est les quatre doigts qu'on a vus se lever le soir de l'adoption de la Constitution sous la coupole de l'Assemblée nationale constituante en signe de victoire de «Rabaa» en même temps que le drapeau national. La deuxième grande fausse note, toujours sous la coupole de l'ANC, c'est la médiocrité qui s'en prend à l'excellence sous la forme d'une campagne misogyne et calomnieuse contre une Tunisienne franchement héritière d'Elissa-Didon, de Sophonisbe, d'Al Kahina, d'Aroua, d'Aziza Othmana, de Bechira Ben M'rad, et tant d'autres figures emblématiques de la tunisianité. Les chefs d'orchestre de cette campagne misogyne sont connus par leur populisme, leur mentalité rétrograde et leur chauvinisme aveugle. La polémique autour de la personne de Mme Amel Karboul, une femme compétente selon les données fournies par son curriculum vitae, nommée au poste du ministre du tourisme, montre le danger populiste qui se conjugue à l'impolitesse et qui continue de menacer la vie politique. L'argument qui a servi de base à la campagne lâche contre une femme d'une grande culture et d'une grande modernité ne peut être cru que par des esprits faibles ou des consciences moutonnières. On « reproche » à Mme Karboul un transit de quelques heures par Israël dans le cadre d'une mission onusienne pour le compte des Palestiniens. Ainsi les principes généreux, coupés du contexte, et employés dans une démarche politiquement correcte ne peuvent être que suspects. La horde des misogynes joue la carte de la surenchère pseudo-révolutionnaire et a essayé vainement d'entacher le parcours de cette dame déterminée à relever le défi et à améliorer l'image touristique de la Tunisie. Lorsqu'on est animé par des sentiments pro-palestiniens, on ne peut pas se la jouer plus Palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes. Les « honorables » détracteurs sont certainement au courant des visites effectuées souvent en Israël par des responsables Palestiniens à l'instar de Mahmoud Abbess, de Mohamed Dahlen et d'Ahmed Kriaa pour ne citer que ces noms là. Ils doivent savoir que des milliers de Palestiniens se rendent également en Israël. Ces deux données montrent la complexité de la question palestinienne qu'on ne peut pas réduire à des schémas théoriques. Par ailleurs, la note envoyée par l'Autorité palestinienne à la présidence du gouvernement tunisien témoigne que Mme Karboul n'a aucun lien avec Israël et, de ce fait, met à nu la mauvaise foi de ses « honorables » détracteurs. Par conséquent, les députés qui se réclament des valeurs de la modernité, de l'ouverture et de la démocratie doivent avoir un courage politique pour demander des excuses auprès de Mme la ministre et dénoncer le lynchage symbolique dont elle a été la victime. Les réactions de soutien à Mme Karboul montrent que la phallocratie et la misogynie n'ont plus leur place dans l'imaginaire collectif des Tunisiens. C'est là une donnée objective qui pousse cette dame devenue une icône de la modernité au féminin à aller de l'avant pour porter très haut le message d'une Tunisie riche de l'héritage de la pensée de ses réformateurs et du potentiel de la créativité de ses femmes. Tout le reste n'est que de la diversion du mauvais goût.