Alors que l'article premier de la première et de la deuxième République énonce que «la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain», certains esprits continuent à considérer -dans une démarche tout à fait lyrique- les dates du 14 janvier 2011 et du 23 octobre 2011 comme étant celles de l'indépendance de la Tunisie. Des plateaux télévisés censés célébrer le 58ème anniversaire de l'Indépendance ne font, en fait, que travestir le mouvement de l'histoire et porter atteinte à la mémoire des martyrs. De nombreuses interventions brillent, par ailleurs, par une incompréhension des enjeux et accumulent un énorme retard politique par rapport aux problèmes que pose le concept d'Indépendance dans le contexte d'aujourd'hui. Processus continu et non achevé, l'Indépendance de la Tunisie en 1956 est le fruit d'un long combat mené par les hommes et les femmes qui avaient une haute ambition pour la Tunisie. C'est ce même processus qui a mis les Tunisiens sur la voie du progrès et de la modernité après avoir rompu avec le colonialisme et les vestiges du féodalisme. Une lecture objective des faits, des évènements, des étapes qui ont conduit à la mise en place des fondements de l'Etat national, montre que le concept d'Indépendance recouvre les conditions qui font des Tunisiens -malgré les hauts et les bas du processus de l'Indépendance- des sujets de l'histoire. Cette majorité politique a trouvé dans la date du 14 janvier 2011 un vecteur d'accélération du mouvement de l'histoire dans le sens des nouveaux idéaux de l'indépendance à savoir la liberté, le travail et la dignité. Sans pour autant altérer les grands acquis de l'Etat de l'Indépendance : l'émancipation de la femme, la réforme et la démocratisation du système éducatif, la promotion du droit de l'homme à la santé. Avec ce triple acquis substantiel de l'Etat national commencent la vraie indépendance et la vraie liberté des Tunisiens. De nombreuses luttes politiques et syndicales ont été accumulées pour porter encore plus loin les conquêtes de l'Indépendance. Parce que le concept d'Indépendance se conjugue toujours avec l'élargissement des espaces de liberté et avec le renforcement de la démocratie politique et de la démocratie sociale. Et parce que l'enjeu principal que pose l'Indépendance considérée comme dynamique de libération nationale, sociale, politique et culturelle, est celui d'une synergie de toutes les énergies créatrices et de toutes les forces patriotiques attachées à leur tunisianité. Loin de la logique « éradicatrice » que certains esprits cherchent à imposer à la mémoire des luttes patriotiques des Tunisiens : celle de la haine et du ressentiment. Alors donnons le meilleur de nous-mêmes, investissons nos capacités dans la consolidation des acquis de l'Indépendance. Pour favoriser des choix concrets susceptibles de permettre au neuf de se frayer un chemin. Et pour faire de l'Indépendance une épopée qui continue…