Le 29 Mars dernier, le théâtre tunisien a perdu un des précurseurs du "théâtre organique" dans notre pays et au Maghreb, si ce n'est le monde entier. Le parcours de cet artiste a été marqué par trois moments importants qui sont: l'expérience internationale, le retour au pays et la reconstitution d'un théâtre original. Diplômé de la Sorbonne en 1980, la flamme créative perdue a fondé une organisation parisienne à but non-lucratif qu'il a nommé « Théâtre organique », appellation qui renvoie à Antonio Gramsci, théoricien italien pour son concept « l'intellectuel organique ». Revenant s'installer en Tunisie, Ezzeddine Gannoun n'a point hésité pour rouvrir, en 1995, la salle de théâtre « consacrée à tous les art » El Hamra à Tunis –fondée en 1930 et stagnant pendant des années lumières- accompagné d'une autre sommité dans le milieu théâtral et qui n'est autre que Leila Toubel. Vivant de la culture pour la culture, et respirant l'air de l'art pour en expirer et en inspirer des milliers, Ezzeddine met la salle rouverte sur un piédestal artistique où rencontres entre artistes, penseurs, philosophes, enseignants, chercheurs et professionnelles ont lieu chaque semaine et ce, depuis sa réouverture, pour devenir le noyau même des rencontres artistiques en Tunisie après la révolution du Jasmin. Suite à tous ces travaux, l'artiste tunisien se motive pour fonder une autre organisation, d'un autre genre, qui n'est autre que le Centre de Formation et de Recherche Théâtrales Arabo-africain, fruit de l'Association Africulture fondée en 2001, en lui attribuant un but premier en son genre en Tunisie : un point de vue critique sur les événements culturels et artistiques en Tunisie et une alliance dans une revue « Africultures » proposant des repères au public comme aux décideurs culturels…. De 2001 à 2015, le metteur en scène s'est consacré plus que jamais à la gestion des événements culturels et à sa revue qui en propose un regard précédemment inconnu de tous. Il s'est néanmoins bien démarque en Juin 2013 grâce à sa pièce « Monstranum'S ». Et c'est en janvier 2015, trois mois avant son décès, qu'il lance une manifestation artistique qu'il a nommé « Le Théâte fête la révolution ». Croyant dur comme fer que la Tunisie a besoin d'une révolution artistique et que la seule parole vraie dans tous le ménage éco-politique EST la plume de l'art, Ezzeddine Gannoun fête la 4ème année de la révolution démocratisante en haussant les épaules du théâtre. Habib Bourguiba n'a-t-il donc pas dit que « le théâtre est le témoin de la naissance de la conscience nationale » ?