Le Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrale d'El Hamra (Caafrt) vient de présenter au public l'aboutissement de deux semaines de stage. C'est le travail de douze acteurs stagiaires venus des pays arabes et africains clôturer le 3e degré d'une formation dont les premières étapes ont été déjà entamées avec le duo Ezzeddine Ganoun-Leïla Toubel et leurs collaborateurs, il y a déjà quelques mois. C'est toujours avec la même émotion, qui règne dans cet espace de création, que les œuvres des stagiaires ont été présentées. Quatre mini-pièces, dont deux consistent en des mises en valeur d'une technique et d'une approche de travail du corps à travers une lecture anatomique. Les deux autres sont des propositions de mise en scène de deux stagiaires, le Tunisien Monôom Chouayet et le Tchadien Maxime Houlona Damsou. Outre le jeu et la mise en scène, le stage du Centre s'ouvre aussi sur les autres disciplines des arts de la scène, à savoir l'écriture dramaturgique, le costume théâtral et le maquillage. Durant ces quinze jours de formation, El Hamra était comme une fourmilière, on s'agitait, on créait, on entendait différentes langues et autres dialectes africains et du monde arabe. A rappeler que le Caafrt, fondé en 2001 par Ezzeddine Gannoun, a formé, jusqu'à ce jour, plus de trois cents jeunes professionnels pour 21 promotions, dans divers métiers de la scène, soit 91 acteurs, 18 metteurs en scène, 7 dramaturges, 26 régisseurs son et lumières, 28 gestionnaires culturels et la liste est encore longue... Et pour ceux qui croient encore que les métiers artistiques sont un «luxe» et que la formation qui est dispensée, entre autres par El Hamra, ne représente pas une valeur ajoutée sur le marché du travail, Gannoun et son équipe soulignent que beaucoup de jeunes qui sont passés par le Caafrt ont pu s'imposer, en tant que professionnels, en Tunisie et à l'étranger. Ils peuvent même être fiers de la grande réussite de certains de leurs anciens stagiaires, comme le Libanais Majdi Abou Matar qui a fondé sa propre compagnie au Canada, qui dirige un festival de théâtre et de danse et qui a monté une structure de formation pour jeunes artistes. Idem pour la Béninoise Carole Lokossou, de plus en plus entreprenante dans le paysage culturel de son pays, puisqu'elle dirige une troupe de théâtre au sein de laquelle elle est en train de prouver l'étendue de ses talents d'actrice et de formatrice. On cite, également, la Libanaise Maya Zbib qui figure, maintenant, parmi les metteurs en scène les plus connus et dont l'expérience d'occupation dramatique des lieux apporte de la nouveauté au théâtre arabe du Moyen-Orient. Terminons par relever qu'au bout de 12 années d'existence et de travail, avec des résultats, à chaque stage, visibles et ressentis, El Hamra et son Centre arabo-africain de formation et de recherche théâtrales n'ont jamais bénéficié d'aucun soutien du ministère de tutelle, encore moins de ceux de l'Education nationale ou de l'Emploi et de la Formation professionnelle. Comme quoi même après la révolution qu'on croyait culturelle aussi, les politiques tournent encore et toujours le dos à la culture.