Une grande panique s'est emparée, à l'avenue Bourguiba le 15 juillet 2015, suite à un pétard lancé par un jeune délinquant dans le complexe commercial du Palmarium, à un moment où il y avait une grande foule affairée aux derniers achats de l'aïd. On a crié à l'acte terroriste et constaté des dégâts de différentes natures, sauf en vies humaines heureusement ; mais la situation a été rapidement contrôlée grâce à l'intervention vigilante des agents de l'ordre et des services de sécurité. Plus qu'un fait divers anodin, l'incident mériterait qu'on s'y attarde assez pour en étudier les effets et les causes, et pour en dévoiler les soubassements d'un autre ordre contre lesquels il faut très vite protéger notre société. Nous l'avions écrit ici même, je crois même que nous étions les premiers à le faire, pour attirer l'attention sur les dessous pervers d'une des manifestations festives qu'est le feu d'artifice et les jeux des pétards. Très vite après, la question a rempli, presque à la banalisation, des séances de radios et des plateaux de télévisions, avec force argumentation de nouveaux spécialistes de tout et de rien, comme on en a désormais à gogo pour la moindre question soulevée. Il y a même des décisions prises par le ministère de l'Intérieur et les services apparentés, mais rien n'a vraiment changé, par un manque de vigilance qui sonne comme de l'indifférence. C'est aller vite en besogne, nous semble-t-il, de ramener la situation à la clochardise dans des milieux citadins supposés de la haute classe et donc à la seule folie impromptue de jeunes gens en quête de sensations innocentes qui peuvent mal tourner. Le trafic énorme et le commerce important des pétards, déjoués par les différents contrôles, montrent bien qu'il y a tout un réseau qui n'est pas sans rapport avec une intention de généralisation de la logique de la peur, partout dans le pays. En effet, dans les villes et les villages du pays entier, les mariages prenant vite le relai des aïds et inversement, les pétards et surtout les feux d'artifice soumettent l'espace social au ciel bas et lourd de la terreur menaçante, à tout instant, surtout à la nuit profonde. Il était un temps où la détonation des pétards d'artifice avait un bruit modéré ; à présent, c'est de vrais canons de l'artillerie lourde qui explosent les oreilles. Transposez cela au plus profond des nuits d'été et vous aurez une idée de l'effet. Je le redis encore une fois, et j'espère que les spécialistes et les responsables en tiendront compte, cette mauvaise farce des pétards n'est pas sans lien avec une stratégie sournoise qui sert, à bon ou à mauvais escient, le terrorisme et ses moyens. A la cellule concernée de faire ce qu'il faut contre cela.