Malgré l'Etat d'urgence décrété dans le pays par le président de la République Béji Caïd Essebsi, et malgré les menaces terroristes qui planent sur le pays, notamment à Tunis, et dont a parlé ouvertement le ministre de l'Intérieur Mohamed Najem Gharsalli, lors de son audition hier à l'ARP par la commission des droits et des libertés, la marche programmée pour le 12 Septembre à l'avenue Bourguiba, pour appeler au retrait du projet de loi de la Réconciliation économique et financière, est maintenue. Toutefois, alors que des informations publiées sur certains médias avaient annoncé que le chef du gouvernement aurait autorisé l'organisation du samedi, la présidence du Gouvernement a vite réagi en publiant un communiqué, le jeudi 10 Septembre, dans lequel elle a indiqué qu'aucun accord n'a été donné pour l'organisation de manifestation ou de marches ses derniers jours, précisant qu'elle a demandé par contre de reporter ce genre de manifestations pour dépasser cette période critique caractérisée par l'existence de menaces terroristes qui visent des institutions officielles. Rappelons à ce sujet que le membre du parti Ettakatol, Khalil Zaouia, a précisé hier que le chef du gouvernement Habib Essid aurait promis d'autoriser la tenue de la marche du 12 septembre 2015 et d'assurer la protection des protestataires. Toujours dans le même contexte, lors de la plénière consacrée à son audition, Najem Gharsseli a demandé aux partis organisant la manifestation du samedi de reporter le rassemblement pour une date ultérieure au 14 de ce mois, expliquant cet appel au report par la phase sensible que traverse le pays, particulièrement pour les prochains jours, du 9 au 14 Septembre 2015. Mohsen Marouk, secrétaire général du parti de Nidaa Tounes, a appelé à son tour au respect du droit de manifester et à comprendre la situation sécuritaire du pays après la déclaration de l'Etat d'urgence. Il a appelé également les partis qui veulent prendre part à la marche du 12 septembre 2015 à l'avenue Habib Bourguiba, à coordonner avec le ministère de l'intérieur pour l'organisation de leurs actions protestataires et à mettre l'intérêt national suprême avant tout. Pour ce qui est du Front Populaire, principal meneur de jeu dans l'organisation de la marche du 12 Septembre, s'était réuni auparavant avec le parti El Massar en présence d'autres partis et d'associations et son porte-parole, Hamma Hammami, avait indiqué que la manifestation décidée sera bel et bien maintenue à sa date, elle démarrera samedi prochain à partir de 14 heures. Hammami, a ajouté qu'il est nécessaire de contrer le projet de loi de Réconciliation économique et sociale, en le qualifiant de "anticonstitutionnel" et portant atteinte aux objectifs de la justice transitionnelle” Quant au parti El Massar, il a publié un article depuis le 9 Septembre dernier, dans lequel il a réitéré son refus du projet de loi de réconciliation économique et financière, appelant à son retrait et à débattre plutôt du projet de loi relatif à la justice transitionnelle. Le même communiqué a annoncé la participation du parti à la manifestation prévue pour le 12 septembre, refusant en outre toutes les justifications présentées par le ministre de l'Intérieur et interdisant le maintien de cette manifestation. Du point de vue sécuritaire, Gharsalli a confirmé l'existence de menaces planant sur la Tunisie, en se basant sur les renseignements et les données qui prédisent l'éventualité d'une attaque terroriste contre les manifestants rassemblés en grand nombre. Gharsalli a précisé entre-autre qu'il fallait prévoir un effectif de 700 à 1000 agents de sécurité pour assurer la sécurité des manifestants, en ajoutant que cela était l'une des failles du système sécuritaire du pays, tout en rappelant que la partie ouest du pays au niveau de la frontière avec la Libye, représente jusqu'à ce jour un véritable danger qui doit être continuellement sous surveillance.