De leur ville frontalière, aride, terne et frappée par le terrorisme, les oubliées et les laisser-pour compte de Kasserine hochent la tête et s'interrogent : Où sont passées les promesses électorales ? Où est le développement ? Où est la dignité ? Nous avons payé le prix fort avec des martyrs, des veuves et des orphelins pour rien. Notre sang et nos larmes ont coulé à flot pour que les barbus nous extirpent de notre ville, pour que les « révolutionnistes » se pavanent dans les palais de la république et pour que les girouettes et les charognards piquent dans les caisses et se remplissent les poches. Hagards et dépités, les jeunes kasserinois vaquent toujours dans les rues désertes mais avec beaucoup moins d'argent en poche. Ils pleurent cette putain de révolution qui a tout anéanti, le peu de business de contre bande et l'espoir. Leur vie n'a pas changé. Pire elle s'est dégradée et ils découvrent que tous les discours et les promesses des politiques ne sont que bla-bla. Comme en Inde, nous sommes devenus la caste des Intouchables et des moins-que-rien. Notre dignité n'était qu'un prétexte pour rafistoler la virginité politique de ceux qui ont gouverné et ceux qui gouvernent. Nous avons été stupides de croire à cette théâtralisation politicienne et à cette machination revolutionniste car les nouveaux voyous de la République ont supplanté les Trabelsi et les imposteurs ont remplacé les Rcdistes. Bâillonnés entre le déni des terroristes et l'oubli des politiciens, « nous avons tout perdu, nos rêves, nos espoirs et notre foi. Ils nous ont tout pris, notre droit à la vie et notre droit à la mort. Ici on meurt de faim et de froid ou on meurt par les balles des terroristes sans que les politiques et les « droit-hommistes » ne lèvent le petit doigt. Tout l'argent dépensé pour ces campagnes électorales calamiteuses, tous ces millions évaporés pour des études et des congres fantoches et toutes ces sommes parties en fumée pour embraser les partis de l'intérieur auraient été plus utiles pour développer une région sinistrée et sauver des jeunes de la déchéance. Ici personne n'est venu à notre secours, ni les ministres, ni la présidence, ni l'opposition, ni l'UGTT, ni l'UTICA, ni, ni, ni ni. Nous n'avons que la police d'un côté et les terroristes de l'autre ». nous a déclaré un kasserinois protestataire et révolté.