En plus du terrorisme et de la crise économique, c'est la crise des valeurs qui menace en ce moment la Tunisie secouée plus que jamais par un tsunami moral dévastateur. L'autorité de l'Etat, slogan de la campagne électorale de BCE et cheval de bataille du camp « progressiste » est à genoux et les tunisiens assistent, médusés, à la maltraitance des institutions et au mépris des lois et des règlements. L'autorité de l'Etat s'est délitée et l'affaiblissement des institutions et de l'administration vont couter cher à un pays en reconstruction. Au lieu de donner l'exemple nos élites sont hélas en train de baliser les fondamentaux d'une République Bananière doublée d'une République Anarchique. Les tunisiens sont désemparés face à ce naufrage des valeurs et c'est le tout le pays qui en subit les conséquences. Ainsi on ne compte plus les trottoirs occupés illégalement par des cafetiers avides d'argent, les plages publics expropriés et privatisés indument par des plagistes peu scrupuleux, les espaces publics transformés par des gaillards en parkings payants, le blanchiment d'histoire notoire de certains mafieux érigés par la force de l'argent sale en donneurs de leçons et le travestissement de vérité insolent de « révolutionnistes » ingrats. Aujourd'hui l'autorité est plus que bafouée et l'Etat de Droit longtemps est en passe de se transformer en Etat mafieux aux mains de parrains et de lobbyistes peu scrupuleux. Les tunisiens pleurent leur pays devenu une proie facile pour des charognards qui font fi des lois de la République et de l'intérêt collectif pour assouvir leur appétit dévorant de pouvoir et d'argent. Rétablir l'autorité est devenu le vœu le plus cher des tunisiens patriotes et libres. Ils déchantent de cette tournure tragique et expriment sans complexe ni démagogie le besoin du pays d'un vrai chef capable de remettre de l'ordre, de nettoyer le pays de cette racaille puante et de mettre un terme à cette anarchie ambiante. Ils veulent en finir avec l'absence de l'Etat et le dérèglement des institutions. Comment pourrait-il en être autrement alors que les tunisiens assistent, estomaqués, aux mépris de l'autorité de l'Etat les politiques eux-mêmes ? Quand la Loi des Partis est plus forte que la Loi du Pays c'est désormais le sacre de l'égoïsme et la prise en otage de tout un peuple par des castes prêtes à tout pour se servir du pouvoir. Sinon comment qualifier ce mépris manifeste des règles élémentaires du protocole républicain quand un chef de Gouvernement se rend au siège d'un Parti au pouvoir ? Comment qualifier la réception en fanfare par les autorités locales et régionales du Secrétaire Général d'un autre Parti au pouvoir lors de sa visite au mausolée de Bourguiba à Monastir ? Comment qualifier le tapage autour de la visite du fils du Président de la République au président turc Erdogan ? Comment qualifier ce cumul indécent des fonctions de Président de Parti et de Président de Club Sportif ? Comment qualifier les demandes insolentes d'augmentation salariale de ces élus alors qu'une partie du peuple meurt de faim ? Se substituant à l'autorité de l'ETAT et agissant à visage découvert, les nouveaux seigneurs de la Tunisie sont au-dessus des lois et se sentent investis de tous les pouvoirs. Le destin du pays ne décide plus, désormais, dans les lieux de souveraineté de la République mais dans les salons feutrés des grands palaces des Berges du Lac et chez les ayatollahs de Montplaisir.