Rien dans les mains, rien dans les poches! Mais il agite une main que votre regard accroche alors que de l'autre, sans agitation, avec adresse, il crée son petit tour de passe-passe! Et vous voilà victime de votre propre illusion! Quand Rached Ghannouchi, chef du mouvement "Ennahda", est revenu en Tunisie après des années d'exil à Londres, son numéro est prêt. Car celui qui porte le distinctif de ''Cheikh Rached'' est un stratège aguerri par des décennies de manoeuvres, de clash avec le pouvoir, d'exil, d'étude du style anglais... D'abord la reconnaissance à la révolution: Le sang des martyrs nous a libérés et permis à des milliers des fils de ce pays de regagner le pays et à d'autres de sortir de l'exil. Je salue les jeunes, la région de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi et toutes les régions du pays qui ont participé à cette glorieuse révolution qui a libéré le peuple du joug de la tyrannie. Ensuite, le brandissement du Droit: Je suis de retour. C'est mon plein droit de retrouver mon pays et ma famille après plus de 20 ans d'exil. Un clin d'il aux femmes: Cette religion accorde tous les droits légitimes de la femme et de l'homme. Un autre aux militaires: Un hommage appuyé à l'armée tunisienne. Enfin, l'apothéose dans l'assurance des bonnes intentions: Je ne brigue aucun poste. Seulement, je rêve d'une Tunisie libre et prospère. En vérité, toute cette semaine s'est écoulée sur un Cheikh Rached qui n'a pas cessé de répéter à tous ceux qui voulaient bien l'entendre qu'il ne se présenterait pas à la prochaine présidentielle mais qui est resté très sobre quant à la participation (qu'il reconnaît) de son parti aux législatives. Suivez la main qui agite le déni de la présidentielle, car alors vous ne vous attarderez pas sur celle qui vous fait oublier que la présidence, qui a été vidée de tout son contenu par la Révolution tunisienne, ne présente aucun enjeu et que, par contre, celui qui tient le Parlement, tient le gouvernement et un énorme pan de la vie publique!.