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Rached Ghannouchi, chef du ‘'Mouvement Ennahdha''
National
Publié dans Le Temps le 06 - 02 - 2011

• Le Code du Statut Personnel s'inspire de la Chariâa…
• La polygamie est rejetée par la loi et il n'est pas question d'y revenir…
• Le Hijab est une affaire personnelle
• Les lapidations et les amputations des mains des voleurs : ce sont là des pratiques aujourd'hui impraticables. »
Idéologue, tribun et par-dessus tout un bon père de famille, Rached Ghannouchi, le chef du mouvement « Ennahdha » nous reçoit dans la maison de feu son frère à El Menzah 6 qui ne désemplit pas pour l'instant. Une rencontre qu'on a eu du mal à organiser vu la sollicitation sans pareil dont fait l'objet Ghannouchi, par la famille, les amis et les Nahdhaouis.
« l'Emir des Islamistes » accueillait même des jeunes branchés empressés de l'affubler de questions rien que pour percer le secret ‘'retour Ghannouchi'' dont le moins qu'on puisse dire est qu'il déconcerte, inquiète, dérange même. Interview.
Le temps : Avec votre retour, on a l'impression qu'« Ennahdha » joue la carte de la modération alors qu'on tend à vous fondre dans le moule de l'extrémisme. Quelle est votre rapport avec le courant salafiste
Rached Ghannouchi : Il n'en est aucunement le cas. « Ennahdha » a toujours été dans l'Islam modéré. Mais le régime déchu nous a collé l'étiquette de l'intégrisme parce qu'il a compris qu'on était un adversaire redoutable. C'était depuis 1989 lorsqu'on a participé aux élections. Il ne fallait pas faire une entrée aussi spectaculaire dans la scène politique. Voilà pourquoi on a été montré du doigt nous accusant injustement d'avoir fomenté les troubles de Bab Souika dans les années 90. Par ailleurs je n'ai pas de rapport avec le salafisme qui légitime le Djihad. Il y a plusieurs courants dans le salafisme. Il y a le salafisme à la manière des Saoudiens, il y a celui de Ben Laden et, enfin, le salafisme qui travaille les intérêts des dictatures comme celle de Ben Ali. Je suis pour un salafisme qui prenne conscience des différentes forces politiques dans un pays, qui croie en la démocratie.
Quelle place pour la laïcité dans votre pensée ?
Je suis contre la laïcité qui ne veut pas dire démocratie. Il ne faut pas se leurrer. La laïcité veut qu'on soit attaché aux choses du monde d'ici bas et appelle à un développement économique et une équité qui ne prend pas en considération la religion.les laïques ont le droit de penser de la sorte et moi j'ai le droit de penser autrement.
Est-ce que vous rêvez d'un Etat islamique et d'un retour à la Chariaâ Qu'en est-il de la question du Hijab, du retour de la femme au foyer, et de la question de la polygamie. Votre retour alimente les rumeurs qui disent que les acquis de la femme tunisienne seront menacés.
La Tunisie est un Etat islamique selon sa constitution. Yadh Ben Achour qui se penche actuellement sur la question a déclaré que cette première phrase de notre constitution sera gardée comme telle. La polygamie est rejetée par la loi et donc elle ne peut être permise. En plus notre code du statut personnel s'inspire de la Chariaâ chose qu'on a somme toute acceptée. La question du Hijab est une question personnelle. Chacun est libre de ses choix. Notre but n'est pas de sanctionner les gens de distribuer des satisfécits pour les uns et les autres. Notre but est d'apporter une réforme au regard de la religion mais en douce. Car il est question des libertés personnelles des gens. Et d'ailleurs, les lapidations, les voleurs auxquels on coupe la main, sont des pratiques impraticables.
Les partisans d'Ennahdha ont été persécutés, brimés et emprisonnés. Où sont-ils, qu'est-ce qu'ils deviennent?
Les trois derniers prisonniers d'Ennahdha ont retrouvé leur liberté hier seulement, à savoir Ali Harrabi, Ali Farhat et Ali Oun. Les anciens détenus doivent batailler maintenant pour reprendre une vie normale. Ben Ali a fait emprisonner 30 000 Nahdhaouis dans les années 90-91-92. Cent parmi eux sont morts sous la torture. Des milliers ont été opprimés et violemment agressés. Sans oublier la prison morale dans laquelle il rejetait les personnes qui soit-disant étaient en liberté.
On parle de l'effritement d'Ennahdha. Avez-vous une stratégie de communication pour vous repositionner sur la scène politique ?
La Révolution a entraîné la chute du régime de Ben Ali depuis seulement une quinzaine de jours. Il nous faut du temps pour retourner sur la scène politique. On organisera notre congrès cette année et on organise ce lundi une conférence de presse. On essayera de relancer nos anciennes publications El Fajr et peut être bien qu'on aura notre propre radio grâce aux dons des partisans d'Ennahdha. Et contrairement à ce que disent certaines mauvaises langues, Ennahdha ne reçoit pas d'argents de pays étrangers. J'ai été renvoyé il y a trois ans par l'Arabie saoudite, par ce que ses dirigeants voulaient faire plaisir à Ben Ali.
Mais avant d'y arriver, on doit être reconnu officiellement. On a présenté une demande et on n'a pas encore eu une autorisation sans laquelle on ne peut devenir un parti et donc on ne pourra pas avoir des sièges dans le parlement. Cela n'empêche, on ne veut pas avoir une majorité parlementaire.
Vous avez annoncé que vous ne serez pas personnellement dans les prochaines élections électorales et parlementaires. Quels sont les nouveaux visages d'Ennahdha.
Je ne serai pas dans les prochaines élections. Je ne serai pas non plus à la tête d'Ennahdha, chose que j'ai annoncée lors du dernier congrès en 2008. Hamadi Jébali, Ali Araidh, Zied Doulatli, Mohamed Ben Salem et toutes les autres personnes qui souhaitent se présenter aux élections sont les bienvenues.
Est-ce qu'il était question de révolution ou de révolte en Tunisie ?
Il était question de révolution qui suppose une refonte totale de la constitution et des lois qui régissaient ce pays. Sauf que la liberté que les Tunisiens ont pu avoir n'est pas pour le moment protégée par la loi qui n'a pas changé d'un cran. Les grévistes de la Kasbah ont été délogés d'une manière violente. Des lieux ont été saccagés au nom des manifestants. J'ai l'impression que le régime n'a pas changé de stratégie. On a donné 20 000 dinars aux familles des martyrs. C'est très peu pour remplacer un enfant, un mari ou un frère.
On a appris que vous occupez pour l'instant la maison de votre frère ? Et la vôtre où est-ce qu'elle est?
J'ai une maison à Ben Arous qui a été saccagée par l'ancien régime. Mes enfants y étaient l'autre jour. Ils n'ont rien trouvé même pas leurs photos personnelles. Seuls les livres sont restés intacts parce que les anciens ‘'squatteurs'' n'ont pas pu les vendre. Par contre ils ont tout pris même nos souvenirs familiaux.
Mona BEN GAMRA
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Madame Souheïr Belhassen, présidente de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH)
«Attention, les forces de la contre-révolution sont encore là !»
Militante de longue date des droits de l'Homme, présidente de la FIDH et ex-vice-présidente de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), nous livre ici ses impressions sur la Révolution du 14 janvier : Ses caractéristiques et les menaces qui pèsent sur elle.
Mme Souheïr Belhassen , talentueuse consoeur et grande militante faisait partie de l'équipe fondatrice du Temps, en 1975.
• Le Temps : Quelles sont d'après vous les caractéristiques de cette Révolution
- Mme Souheïr Belhassen : Je pense que c'est une Révolution très responsable. Dans la mesure où elle s'est déclenchée dans des régions déshéritées. Ce sont les caractéristiques d'une protestation sociale qui s'est transformée en un véritable soulèvement politique qui revendique la dignité, la démocratie et les libertés. C'est le ras-le-bol provoqué par des dirigeants corrompus, c'est le rejet total et profond d'un dictateur et sa clique au pouvoir vieillissant et sans projet.
• Considérez-vous qu'il y a des menaces qui pèsent sur cette Révolution ?
- Elle est menacée de l'intérieur et de l'extérieur d'où la nécessité d'une constante vigilance.
De l'intérieur, elle est d'abord menacée par les forces contre-révolutionnaires que nous avons vu se déployer d'une façon sérieusement menaçante.
• Qui sont-elles ?
- Un mélange de police secrète présidentielle, de milice et de pètens prêtent à mettre le pays à feu et à sang pour maintenir ses protecteurs, ses dirigeants, les tensions et les divisions entre les différentes tendances politiques et les différents segments de la société civile qui, une fois passée l'exaltation des moments forts vont essayer de reprendre chacun sa partition.
Donc, il est essentiel de montrer autant de responsabilité et de sagesse pour barrer la route à ces forces rétrogrades.
• Et de l'extérieur…
- Evidemment, la menace libyenne déclarée par Gueddafi lui-même. Mais aussi la confiance des investisseurs et des bailleurs de la Tunisie qui pourrait tarder à se renouveler.
• Que pensez-vous de la composition du gouvernement de transition?
- Sans la détermination de la rue et des forces politiques qui refusent de composer avec des figures emblématiques du RCD, ces dernières seraient encore présentes dans ce gouvernement. En tout cas, ce gouvernement est provisoire et il est appelé à passer la main après les élections. Il est chargé de gérer les affaires courantes pourvu qu'il ne compromette pas l'avenir. Ce qui risque d'arriver lorsque nous voyons la nomination d'un ancien gouverneur à la tête de la Télévision nationale où un déplacement de directeurs des radios régionales qui la plupart étaient des courtisans d'Abdelwaheb Abdallah. Enfin, la dernière nomination des gouverneurs ressemble en tout point à celle qui aurait décider Ben Ali lui-même. Les germes de la contre-révolution sont là.
Il faudrait aussi que les parts des Trabelsi et Materi dans les médias soient attribués à des sociétés de rédacteurs de ces médias qui puissent enfin être réellement maîtres de leurs voix et de leurs plumes.
Par ailleurs, il faut que l'opinion publique sache que les écuries d'Augias ont été nettoyées que ce soit aux ministères de l'Intérieur, de la Justice ou dans les entreprises afin que la confiance puisse être rétablie avec les autorités.
• Quel est votre avis sur les commissions de réformes politiques, d'enquête sur la corruption et d'enquête sur les évènements pour identifier les responsables des crimes commis ?
- Il est très important d'enquêter et de juger les principaux responsables des crimes qui ont été commis et qu'il y ait des réparation pour les victimes. La justice est le garant de la démocratie. Donc, ces commissions, selon les attributions qui vont leurs être dévolues, la capacité, l'intégrité et le dévouement de leurs membres seront un signe de la volonté ou de l'absence de volonté pour aboutir aux résultats attendus. En tout cas, elles sont l'objet d'un engouement extraordinaire de la part de la population. Ainsi, la commission chargée de l'enquête sur la corruption a déjà enregistré le dépôt d'un millier de dossiers. Il serait dangereux de décevoir tant de plaignants.
• Les deux révolutions tunisienne et égyptienne se ressemblent-elles ?
- Elles se ressemblent dans les causes apparentes : paupérisation de classes moyennes, le ras-le-bol de l'autoritairisme, le besoin de liberté. Mais elles sont différentes par la mémoire et l'histoire. Dans ce domaine, la Tunisie demeure une exception, à mon avis non exportable.
En Egypte comme en Algérie, nous sommes en présence d'un régime qui repose sur les militaires qui ont des intérêts puissants. En Egypte, avec la proximité du conflit israélo-palestinien, les intérêts géo-stratégiques entre autres des USA sont des données qui font que ce que nous voyons se dérouler en ce moment ne risque malheureusement pas d'aboutir au même résultat qu'en Tunisie.
• Donc, Moubarak va se maintenir au pouvoir ?
-Moubarak peut tomber mais le régime résistera.
Interview réalisée


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