Le gouvernement américain s'en prend aux importations de textiles et vêtements chinois. Le ministre américain du Commerce, vient d'annoncer pour les trois mois à venir la mise en place de quotas sur les importations de soutiens gorge, de peignoirs de bain et de tissus maille en provenance de Chine. Celles-ci verront leur hausse plafonnée à 7,5% durant un an. "Cela montre le soutien apporté aux règles du commerce et aux salariés américains", a déclaré le ministre du Commerce, qui invoque à l'appui une clause de protection incluse dans l'accord passé avec la Chine au moment de son entrée au sein de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). La mesure aura un impact limité. Elle ne concerne que 582 millions d'euros de tissus et de vêtements venus de Chine. Mais elle est hautement symbolique. Car elle signale aux industriels américains des biens de consommation (ameublement, télévision, maroquinerie), touchés de plein fouet par les importations chinoises bon marché.
Le président de l'Atmi (American textile manufacturers institute), approuve bien sûr la décision. Depuis 1997, rappelle-t-il, 300.000 emplois américains ont disparu dans le textile et l'habillement, au moment même où les importations chinoises explosaient. De janvier 2002 à aujourd'hui, les livraisons de soutiens-gorge en provenance de Chine ont triplé, et celles de peignoirs de bain ont été multipliées par six. L'Atmi, avec les syndicats du textile et des élus du Sud des Etats Unis; espère maintenant beaucoup plus. "Ce n'est qu'un début, avertit le président de l'Atmi. Si la Chine poursuit sa stratégie d'inondation des Etats Unis avec ses produits illégaux et sous évolués, nous demanderons à notre gouvernement d'adopter de nouvelles mesures de protection". L'Atmi accuse ainsi la Chine non seulement de copier illégalement des marques ; mais aussi de maintenir sa devise artificiellement basse, ce qui fausse la concurrence en termes de prix.
En France, l'initiative américaine est regardée avec intérêt. A l'Union, française des industries de l'habillement (Ufih), le directeur des affaires économiques et internationales, estime que cette dernière pourrait "probablement" être imitée au niveau européen, même si "si l'on doit procéder au choix des catégories avec beaucoup de soin, afin de ne pas pénaliser les entreprises françaises qui se fourniraient, par exemple, en tissus de soie en Chine". Il reconnaît cependant la difficulté de l'exercice, dans la mesure où "il est toujours très difficile de dégager des majorités pour faire jouer des instruments de défense commerciale, compte tenu de l'opposition des Etats libéraux d'Europe du Nord et du lobby des importateurs de la grande distribution". L'Aiufas (Association européenne des fibres synthétiques) tente actuellement, avec le soutien d'Euratex, d'agir pour une mesure identique en faveur des tissus en fibres synthétiques continues, rappelle le directeur des affaires économiques et internationales. En tout état de cause, la protection, si elle est adoptée, serait limitée à 2004 2007, la clause de sauvegarde Chine tombant en 2008, ajoute le spécialiste de l'Ufih.
Source: Journal du Textile n°1770 du 23/11/2003
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