C'est l'Agora du savoir et de la connaissance. Le Cercle des Economistes d'Aix en Provence, réuni ce 10 juillet, dans sa déclaration finale, a appelé les pays du G8 à concrétiser «une aide économique conséquente, rapide et inconditionnelle à la Tunisie». Le Cercle est le «bouclier» international, le plus prestigieux, au service de la transition démocratique dans notre pays. C'est une caution morale, sans équivalent. Et c'est une validation, sans appel, de la cohérence de notre feuille de route pour la recherche de notre marche vers la démocratie politique et économique. Nouvelles ambitions, nouvelles régulations Le Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, avait fait le déplacement pour assister à la clôture du cercle des Economistes d'Aix en Provence, en qualité d'invité d'honneur. Une fois encore, la Révolution de la dignité a mérité d'une ovation spectaculaire. Le crédit du pays est au zénith. Ils étaient venus, ils étaient tous là. Près de 30 nationalités différentes et 140 conférenciers ont pris part à cette édition du Cercle qui s'est focalisé, comme le laissent présager les conditions du moment, autour de l'extension du champ des fonctionnalités de l'Etat. Les trois thèmes qui ont été explorés à cette occasion portent sur «le renouveau du débat public/privé: l'Etat peut-il se transformer?». Et dans ce sillage, le Cercle s'est penché sur la question de la «Naissance, vie et mutation de l'Etat». Enfin, la question qui trotte dans tous les esprits «Le libéralisme et l'Etatprovidence», deux concepts que les économistes ont toujours opposés l'un à l'autre constituant un clivage doctrinal devenu classique. Le cercle a accueilli, des personnalités publiques de renom. Outre Béji Caïd Essebsi, on cite notamment Mme Valérie Pécresse, ministre du Budget dans le gouvernement français, Jean-Claude Trichet, gouverneur de la BCE (Banque centrale européenne) et Jacques Attali, économiste. Ce dernier, rappelons-le, avec des convictions bien ancrées à gauche, a réalisé, à la demande du président Sarkozy, le rapport sur le commerce en France au terme duquel il appelait à autoriser les grandes surfaces à travailler le dimanche. Il représente, par conséquent, un des symboles, à l'instar de Joseph Stiglitz, qui ont opéré un grand mouvement de synthèse entre les grands courants de pensée de la science économique et qui ont profondément impacté le rôle de l'Etat. La crise financière, le désordre économique mondial, ont propulsé la réflexion sur la vocation de l'Etat face aux nouvelles ambitions des peuples, telles que véhiculées notamment par la Révolution tunisienne. Ceci n'est pas sans effet sur les nouvelles régulations du système qu'il faudra redéfinir. Le plébiscite de bon aloi Jean Hervé Lorenzi, président du Cercle, et ses compagnons ont vite pris fait et cause pour la transition dans notre pays. Au mois de mars, ils se tenaient déjà à nos côtés, en réunissant une session extraordinaire à Tunis. Ils ont relayé nos doléances à l'adresse des pays du G8 de manière retentissante. En se tenant à nos côtés, le Cercle s'est toutefois gardé de nous donner des leçons. Il a simplement plébiscité ce «livre blanc» savamment élaboré par le gouvernement, reconnaissant qu'il constitue comme un «cas d'école». Loin de nous l'idée de verser dans la flagornerie ou le propagandisme, comme il était d'usage pendant les 23 dernières années. Il a simplement admis que le travail de refondation proposé est en intelligence avec le cogito ambiant sur le rôle de l'Etat dans sa fonction première qui est de favoriser la croissance, de veiller aux règles de gouvernance et d'assurer les solidarités sociales. Ce faisant, il a tranché une question qui a beaucoup occupé les esprits. Le pays est-il en état de pouvoir s'endetter à l'avenir? La position du gouvernement actuel a été de dire que l'insuffisance de l'épargne nationale nous contraint, pour faire repartir l'économie du pays et lui donner un troisième poumon afin d'absorber les 700.000 sans emploi et donc, à fond la Caisse, la pompe de l'investissement, lever de la dette. Là-dessus, le Cercle intervient pour dire, il faut faciliter à la Tunisie l'accès à la dette et à des conditions préférentielles. Il ne faut pas croire que l'appel du Cercle est un simple geste de sympathie ou de condescendance. Il signifie que nos choix économiques satisfont aux contraintes de la rationalité et répondent aux critères de performance. Autrement, le Cercle ne jouerait pas son crédit, sur une feuille de route, que les analystes de marché et les agences de notation, ces officines de la rigueur, pourraient récuser.