Tous les ans, plusieurs centaines de Tunisiens partis en Arabie Saoudite pour la OMRA y restent clandestinement par la suite jusqu'au pèlerinage. Créant ainsi une situation fort embarrassante pour le gouvernement et faisant courir le risque à leurs concitoyens de ne pouvoir mettre les pieds dans les Lieux Saints du fait des sanctions saoudiennes. La SNR voudrait qu'un tel comportement ne soit plus toléré du côté tunisien. C'est tous les ans un véritable casse-tête pour la Société nationale des résidences et des services SNR et plus généralement pour le gouvernement. Ce problème est causé par des centaines de Tunisiens qu'on appelle les «Moutakhalifoun», qui vont en Arabie Saoudite légalement pour la Omra durant le mois de Ramadan et y continuent à y séjourner ensuite clandestinement pour pouvoir faire le pèlerinage. Ces resquilleurs, qui font près de 5.000 km à l'aller et autant au retour, par voie terrestre, se mettent en danger, créent de gros problèmes au gouvernement et exposent beaucoup de Tunisiens au risque de ne pas pouvoir aller en Arabie Saoudite pour effectuer l'un des deux pèlerinages. Car à chaque fois que le taux de «Moutakhalifoun» atteint 1% du nombre total de pèlerins d'un pays, l'Arabie Saoudite prend des sanctions en l'empêchant d'accéder au système informatique d'octroi des visas. D'ailleurs, la Tunisie, qui dépasse toujours et très largement ce pourcentage, ne peut plus accéder à la Omra durant le Mouled. Car à chaque dépassement du 1%, les Saoudiens ferment le système informatique d'octroi des visas aux Tunisiens et à chaque fois «des interventions diplomatiques au plus haut niveau sont nécessaires» pour débloquer la situation, souligne une source à la SNR. Les Moutakhalifoun s'exposent, en ce qui les concerne, d'abord à un traitement des plus durs de la part des autorités saoudiennes qui adoptent une attitude de «tolérance zéro» à l'égard de ce phénomène et donnent même des primes atteignant 10.000 riyals (près de 2.000 dinars) pour toute personne dénonçant un «Moutakhalif». Dans leur chasse à ces clandestins, les autorités saoudiennes vont jusqu'à fouiller les poubelles à la recherche d'emballages de produits étrangers couscous, par exemple- servant de révélateurs de présence étrangère, donc éventuellement de «Moutakhalifoun». Pour cette raison, ces clandestins du pèlerinage se cachent dans les pires conditions dans des grottes dans les montagnes, des caves sans aération, et n'osent pas aller à l'hôpital de peur d'être arrêtés lorsqu'ils contractent des maladies, parfois graves. Lorsqu'ils sont arrêtés, les pèlerins clandestins, fussent-ils vieux, sont parqués dans de véritables camps de concentration. Une situation qui donne le tournis à nos attachés sociaux qui font tout alors afin de les sortir de cette situation. A ce jour, «nous n'avons pas trouvé de solutions à ce problème», se plaint un responsable de la SNR. Par le passé et à chaque fois qu'on demandait aux autorités de sévir contre ces pèlerins clandestins, «on nous répondait et de manière convaincante, non seulement que notre constitution garantit le droit de la libre circulation», mais qu'on «ne peut pas punir la personne qui s'en va en Arabie Saoudite et y reste trois mois alors qu'on ne fait rien contre celle qui séjourne clandestinement pendant vingt ans en France», ajoutait également l'autorité. Pour cette raison, les responsables de la Société nationale des résidences et des services voudraient que tout le monde médias, citoyens et gouvernement- se mobilisent aujourd'hui contre ce phénomène. Les responsables de la SNR proposent de sévir contre les «Moutakhalifoun» en mettant en cause leur responsabilité dans la privation d'autres Tunisiens de leur droit de faire la Omra ou le pèlerinage.