Dans leurs analyses des flux d'investissements entre la Tunisie et la Libye, les auteurs du document de la Banque africaine de développement intitulé Impact du conflit en Libye sur l'économie tunisienne soulignent que ceux-ci ont enregistré une hausse spectaculaire au cours de ces dernières années; la Libye est d'ailleurs devenue au fil des années le quatrième investisseur arabe en Tunisie. Ils indiquent que des projets d'investissements de plus de 30 entreprises libyennes ont été réalisés dans les secteurs de l'industrie et des services -tourisme par exemple-, générant plus de 3.000 emplois. Les analystes de la Bad rappellent dans ce cadre que Tunisiens et Libyens avaient convenu de doubler en 2012 le volume des investissements privés et publics afin d'atteindre 2 milliards de dollars. C'est dans cette perspective que les deux pays, en novembre dernier (2010) avaient décidé de la création d'une entreprise de supervision des projets d'investissements libyens en Tunisie, dont la plus importante est une raffinerie à Skhira. D'autres projets de créations étaient également en cours, c'est le cas d'une Banque tuniso-libyenne suite à la fusion de la Banque Tuniso-libyenne (BTL) avec la Banque Nationale d'Investissement Arabes (NAIB). Les experts de la BAD rappellent que NAIB a joué un rôle de catalyseur dans la promotion du commerce entre les deux pays. Maintenant, concernant les investissements tunisiens en Libye, les auteurs les estiment à plus de 2 milliards de dinars, tout en rappelant que trois projets tunisiens qui étaient en cours, dont la construction d'une usine de crème glacée dans la région de Zouara, sont désormais suspendus. Bien entendu, suite à la détérioration de la situation en Libye, les investisseurs tunisiens ont subi de sérieuses pertes, soulignent les auteurs sans toutefois évaluer ces pertes. Selon les analystes de la Banque, pour les opérations bancaires, la valeur des lettres de crédit a chuté d'environ 75% par rapport à la même période de l'année 2010. Et cette situation d'insécurité en Libye semble avoir dopé les transferts effectués par les institutions bancaires libyennes durant les trois derniers mois, constatent les auteurs. Ceci a été enregistré notamment à travers les comptes des banques tuniso-libyennes (Banque Internationale d'Afrique du Nord, ALUBAF international Bank et la Banque tuniso-libyenne), indiquent-ils. Avant de préciser: Les transferts directs ainsi que les transferts en espèces (180 millions d'euros) ont augmenté de plus que 20% et 200% respectivement par rapport à la même période de l'année précédente. A partir de là, ils en concluent que l'impact de la crise libyenne sur le solde net des opérations bancaires est positif et que la perte provoquée par la chute de la valeur des lettres de crédit est largement compensée par les autres types de transferts. selon rapport BAD