L'année 2011 a connu le déclenchement du printemps arabe qui a bouleversé toutes les données géopolitiques dans la région MENA (Middle East North Africa). Mais son bilan n'est pas encore à la hauteur des aspirations de ceux qui ont fait ces révolutions (ou révoltes). Les perturbations politiques ont eu naturellement une incidence sur les économies des pays de la région, auxquelles s'ajoute la crise de la monnaie unique, l'euro. Première conséquence, la baisse des Investissements directs étrangers (IDE). En effet, selon un récent rapport de l'observatoire ANIMA-MIPO, le nombre de projets annoncés a diminué de 26%, à la fin du troisième trimestre 2011, soit 467 contre 625 à la même période en 2010. Le montant des investissements est de 20 milliards d'euros (40 MDT) contre 40 milliards d'euros (80 MDT) en 2010. Un décroissement... En Tunisie, le nombre des projets annoncés a baissé de 40% au troisième trimestre 2011. L'Agence de promotion de l'investissement extérieur (FIPA) enregistre un recul de -27% en valeur, qui concerne essentiellement le secteur du tourisme. L'Egypte n'est pas en reste, puisqu'elle enregistre une baisse de 50%. Cités dans ce rapport, plusieurs économistes tablent sur un flux total d'IDE proche de 2 milliards d'euros (environ 4 milliards de dinars) en 2011, soit la moitié du montant enregistré en 2010. La Libye et la Syrie enregistrent les chutes les plus fortes, avec environ 75% de projets en moins par rapport à 2010, tandis que le Liban et la Jordanie perdent la moitié des déclarations d'investissement. Le rapport souligne que les chiffres enregistrés par l'observatoire ANIMA-MIPO sont cohérents avec ceux de l'enquête réalisée par la MIGA (Groupe Banque mondiale) pendant l'été 2011 dans le cadre de la préparation du rapport World investment and political risks 2011, paru en décembre 2011. D'après ce sondage, qui portait sur un échantillon de 115 multinationales investissant dans des pays en développement, plus de la moitié des entreprises qui avaient un projet d'investissement dans la région MENA ont choisi de retarder la réalisation de leurs projets, de les revoir ou de les annuler en raison des incertitudes politiques actuelles. Les bénéficiaires... Pour le Maroc, les perturbations dans la région ont influé, bien que relativement, la performance des IDE, qui sont restés stables, soit +15%. Selon le rapport, les investisseurs n'abandonnent pas leurs projets d'IDE dans ce pays mais ils poursuivent néanmoins la dynamique de moindre implication financière qui est à l'uvre depuis 2009: les montants en jeu dans les projets d'IDE annoncés Maroc au cours des 9 premiers mois de l'année 2011 diminuent de 50%. En Algérie, les investissements déclarés sont restés stables, bien qu'ils soient à relativiser, selon le rapport, en raison du mauvais bilan 2010. Les investisseurs se sont tournés vers Turquie et Israël, respectivement plus du tiers et près du quart des investissements annoncés dans la région aussi bien en nombre qu'en montant. Le rapport signale que la Banque centrale turque a annoncé une hausse de 84% des flux des IDE sur les dix premiers mois 2011, avec plus de 8 milliards d'euros.