Saisissant l'occasion de présenter le Rapport final de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) sur le déroulement des élections de l'Assemblée nationale constituante (ANC), le 21 février, Kamel Jendoubi, son président, a appelé à ce que l'Instance permanente des élections soit intégrée à la Constitution. Devant une salle remplie de représentants, il semblait avoir voulu impliquer les médias tunisiens et étrangers présents à secouer un peu l'Assemblée constituante et le gouvernement actuel pour qu'ils sortent de leur silence à propos de cette intégration d'une ISIE permanente ainsi que son indépendance opérationnelle, morale et financière au sein de la nouvelle Constitution dont la rédaction vient à peine d'être lancée. Pour pousser encore plus son propos, M. Jendoubi a pris son temps, en long et en large, pour faire des propositions concrètes (des recommandations, selon ses propres termes), transposant directement la nouvelle instance espérée dans la réalité en se basant, de toute évidence, sur l'expérience riche et originale de l'ISIE malgré une foule d'insuffisances qu'il concède sans se faire prier. Kamel Jendoubi se place déjà au niveau des prochaines élections que les observateurs de la vie politique en Tunisie estiment pour fin avril: les prochaines élections municipales, à propos desquelles il affiche son ambition d'en faire un laboratoire construit sur l'expérience de l'ISIE. Les recommandations de Jendoubi s'étendent ainsi à de nombreux domaines. En matière d'organisation, il recommande de créer un département administratif au sein de la prochaine Instance permanente des élections, lui donner les moyens informatiques nécessaires, accorder à l'ISIE une autorité organisationnelle, mettre un programme complet pour véhiculer les mécanismes, créer un Centre d'observation indépendant chargé de former les observateurs... Dans le domaine des ressources humaines, il recommande de commencer immédiatement les recrutements, s'ouvrir aux programmes internationaux de formation en dehors de la démarche électorale, préserver les ressource humaines qui ont été formées et qui maîtrisent les mécanismes électoraux, organiser des sessions de formation en gestion financière, exiger l'expérience dans la mission d'observateur, instituer des journées d'études sur les recours, former les opérateurs à l'archivage des recours en partenariat avec les magistrats, fixer le registre des électeurs... Dans le chapitre des procédures, Jendoubi recommande de détacher l'enregistrement des électeurs de l'agenda, clarifier le comptage des feuilles blanches, fixer les délais maximum, coopérer avec le gouvernement, favoriser l'enregistrement spontané, revoir la législation de financement de campagne, monitoring des aides publiques, coopération avec les associations...