D'une manière inexplicable, le gouvernement reste les bras croisés alors que le dossier des patrons interdits de voyage est en train d'empoisonner le domaine de l'entreprise en Tunisie. Des dizaines de milliers de patrons tunisiens ont ainsi les yeux braqués sur ce qui se passe et se posent des questions qui restent sans réponses. Ils craignent que toute cette affaire ne fasse d'eux des boucs émissaires pour toute une ère révolue, ils craignent qu'ils deviennent des otages des politiciens qui font des calculs de politiciens... Et cela fait que le pays est entré dans une période d'attentisme “invisible“, si l'on ose dire... En apparence, les chefs d'entreprise continuent à honorer leurs engagements et à faire tourner la boutique mais, en réalité, une inquiétude innommable s'est emparée de beaucoup de cœurs qui ont automatiquement mis le rythme de leur engagement au minimum. Cela se voit depuis des mois et cela fait tache d'huile... Prenant le tout à la légère, le gouvernement dit que le dossier des interdits de voyage est entre les mains de la justice alors qu'il est clair que nous avons absolument besoin d'une décision politique; pas pour peser sur le cours de la justice, bien sûr, mais pour diligenter ce dossier comme le mériterait une affaire d'Etat. Le gouvernement peut le faire mais il ne le fait pas. Selon nos sources auprès de l'UTICA, le nombre d'hommes d'affaires interdits de voyage est aujourd'hui estimé à moins de 80 personnes, et Samir Dilou -qui joue le rôle d'intermédiaire entre le gouvernement et l'UTICA dans ce dossier- a dit qu'il allait faire diligence... Mais les patrons, nous dit-on, ont peur de parler... ils gardent le silence et, pendant ce temps, le secteur privé tourne de plus en plus lentement! L'urgence est claire... Wided Bouchammaoui, présidente de l'UTICA, répète depuis des mois que “… les dossiers des hommes d'affaires interdits de voyage doivent être traités immédiatement... si on veut remonter la pente, redynamiser les investissements et booster l'économie nationale“. Tarek Chérif, président de la CONECT, dit qu'il a confiance en les responsables politiques pour la possibilité d'accélération de cette procédure, soulignant à plusieurs reprise qu'il a proposé au gouvernement la solution de prendre toutes les cautions qu'il jugera nécessaires mais de laisser les patrons travailler...