C'est un point à leur actif: tous les pays d'Afrique du Nord (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte) ont, successivement depuis les années 90, mené des réformes de leurs secteurs financiers pour les rapprocher des standards internationaux. Ce processus a débuté durant la première moitié de cette décennie-là au Maroc et en Tunisie, suivis durant la deuxième moitié par l'Algérie et la Mauritanie et au cours du début du nouveau millénaire par l'Egypte et la Libye. «Ces premières réformes ont porté essentiellement sur la libéralisation des taux d'intérêt et la suppression des restrictions quantitatives, la levée des obstacles à l'entrée (notamment les institutions financières privées nationales et étrangères) et à la sortie (les banques étatiques en quasi-faillite) et la privatisation des banques étatiques gérées de manière inefficace», rappelle le rapport «Libérer le potentiel de l'Afrique du nord grâce à l'intégration régionale: défis et opportunités», que la Banque africaine de développement vient de rendre public. Qui regrette que ces réformes n'aient pas permis de résoudre «efficacement les problèmes d'ordre structurel et institutionnel dans les secteurs financiers de l'Afrique du Nord». Par conséquent, il devenait de ce fait inévitable de lancer un deuxième train de réformes (cadres d'application des contrats, systèmes de paiement, normes d'établissement de rapports, développement du secteur privé, amélioration de la gouvernance d'entreprise, renforcement des capacités des institutions d'appui au secteur financier, à l'instar des tribunaux du commerce, registres de garanties et bureaux de référence du crédit) destinées à renforcer l'infrastructure financière. Si l'Egypte se classe au premier rang, avec un actif total estimé à environ 120 milliards de dollars (22 banques) -suivie du Maroc (actif total d'environ 96 milliards de dollars et 7 banques), de l'Algérie (actif total de 62 milliards de dollars et 7 banques), de la Libye (actif total de 44 milliards de dollars et 4 banques) et la Tunisie (actif total de 27 milliards de dollars et 9 banques)-, c'est le Maroc qui dispose du système financier le plus développé de la région, notamment en termes de volume de crédits et de monnaie rapportés au Produit Intérieur Brut (PIB). Grâce à la libéralisation des taux de dépôt et de prêt, le système financier de la Tunisie se classe au deuxième rang en termes de profondeur. En même temps, la consolidation bancaire permet de faire tomber le taux de créances accrochées à 15,5% en 2008, contre 24,3 en 2003. L'Algérie, où ces dernières années le gouvernement a pris des mesures en vue de moderniser le système financier et consolidé ou privatisé des banques publiques en difficulté, est légèrement mieux lotie que la Libye dans ce domaine. Les indicateurs de la solidité financière s'y sont améliorés en 2008 -le pourcentage des prêts nécessitant des provisions de 100 pourcent est passé de 22 pour cent en 2007 à 18 pour cent en 2008, en raison du rachat continu par l'Etat des prêts improductifs des entreprises étatiques (EE)-, mais l'accès aux services financiers reste limité et onéreux, et le niveau des prêts improductifs demeure élevé. Bien qu'il ne présente aucun signe de difficultés dans l'immédiat, le secteur financier mauritanien est de petite taille, et sa contribution au développement économique est faible. Vulnérable, le système bancaire mauritanien souffre d'un manque de respect des normes de transparence, d'un déficit de concurrence, de mauvaise gouvernance et d'une faiblesse en matière d'infrastructure. En Egypte, la réforme du secteur financier, notamment dans le cadre du Programme de coopération financière du COMESA, a permis d'améliorer la compétitivité et de l'efficacité du secteur bancaire égyptien. Cependant, «d'autres progrès sont nécessaires, en particulier la réduction du ratio de prêts improductifs-prêts totaux, qui s'élève à l'heure actuelle à près de 15 pour cent, afin de le ramener à un chiffre plus bas», souligne le rapport de la BAD. (Source : BAD)