Il s'est tenu, hier au siège de AMEN BANK, un colloque avec pour thème: les défis auxquels sont confrontés les systèmes financiers du Maghreb. Organisé par l'IIF (Institue of International Finance), le discours d'ouverture de ce colloque a été prononcé par Monsieur Taoufik Baccar, gouverneur de la banque centrale de Tunisie. Ce colloque a été présidé par Monsieur Jean Lemierre, ancien Président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), conseiller auprès du Président de BNP Paribas, et en la présence de Monsieur Charles Dallara, Directeur général de l'IIF. Se déroulant dans le cadre de la conférence annuelle de l'IIF, ce colloque a réuni les responsables du secteur financier des cinq pays du Maghreb, Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie, avec la participation d'institutions financières du sud de l'Europe, du Proche et du Moyen-Orient. Dans son discours, Monsieur Taoufik Baccar a commencé par féliciter l'IIF et le comité d'organisation pour le choix pertinent des thèmes en liaison avec la crise. Pour le gouverneur de la banque centrale de Tunisie, la globalisation des marchés a créé des bulles spéculatives, révélé que la confiance ne peut être totale, et que, malgré leur importance, les performances financières ne sont pas toujours signe de bonne gouvernance, tout en soulignant que la vigilance doit être érigée en culture pour être plus efficace. En ouverture des travaux, MM. Dallara et Lemierre ont dressé un tableau panoramique de l'ensemble de la situation de l'économie mondiale et des marchés financiers dans laquelle s'inscrit l'évolution du Maghreb. Selon Monsieur Georges Abed, Conseiller Principal à l'IIF et Directeur de la section Afrique et Proche et Moyen Orient, "les pays du Maghreb sortent plus ou moins indemnes de la crise économique mondiale. Le PIB dans la région a augmenté en moyenne de 3,5% en 2009, contre une moyenne de 5% entre 2003 et 2008. Le véritable défi pour le Maghreb, avec une population de plus de 85 millions d'hommes, d'importantes ressources d'hydrocarbures et un grand potentiel agricole et touristique, est de s'intégrer plus complètement dans les flux internationaux de commerce et d'investissements. C'est, avec une coopération approfondie entre les différents pays de la région et leur insertion accrue dans l'ensemble euro-méditerranéen, véritable voie d'une croissance rapide et d'amélioration de la situation de l'emploi". M. Abed ajoute que "le Maghreb doit faire d'une croissance forte sa priorité. Cela passe par la poursuite des réformes dans le secteur financier, le renforcement de son efficacité, la clarification du rôle des banques publiques, la libéralisation des économies et la consolidation d'un environnement propice à l'essor du secteur privé et au développement des marchés de capitaux". L'économie mondiale reprend et se ressaisit à des degrés divers. En se basant sur le cas de la Grèce, les pays ne doivent pas focaliser leur anxiété sur la capacité fiscale des autres pays. Les banques ont besoin de redéfinir leur capacité de crédit, sinon elles courent le risque de construire un «albatros» financier. Pour les banques, l'incertitude majeure consiste à savoir comment sortir de l'endettement public dû à la crise. Qualifiant l'évolution de la Chine de complexe, et basée essentiellement sur l'exportation, M. Abed affirme que "la chine passe d'un modèle tiré vers l'extérieur vers un modèle tiré vers la consommation domestique; qui est un défi certes lourd, mais accessible car l'Asie, et donc la Chine ont eu beaucoup de réserve intérieur ces 10 dernières années. Et parlant de la Tunisie, il mentionne qu'elle a toujours observé une politique observatrice en gérant toujours son économie avec 3 ou 4 mois de réserve. Les systèmes financiers des pays du Maghreb, quelques caractéristiques et projets réalisés. Quelques caractéristiques : § Secteur financier dominé par les banques et les activités de crédits traditionnels § Forte présence de banques publiques dans certains pays et présence encore limité des banques étrangères Des progrès notables ont été accomplies; pour renforcer les systèmes bancaires: § Nouvelles législations bancaires § Renforcement des systèmes bancaires § Baisse des créances douteuses § Hausse du rendement des actifs § Et dans d'autres domaines essentiels, la concurrence a été renforcée § Des initiatives d'harmonisation régionale dans le domaine de l'intégration régionale. Impact de la crise dans le Maghreb Dans cette zone, l'impact de la crise a été limité. Le crédit a ralenti, mais ne s'est pas effondré. Certains marchés boursiers ont connu des baisses, mais moins marquées qu'ailleurs. Et de façon temporaire Les écarts de taux et les CDS (Credit Default Swap) se sont temporairement détériorés. En raison notamment de la faible intégration aux marchés mondiaux, les ressources des banques reposent en grande partie sur les dépôts domestiques. En revanche l'impact de la crise s'est fait ressentir sur le secteur réel, hydrocarbure, en Algérie et Libye, causant notamment la chute du prix du pétrole. De façon globale dans le Maghreb, la riposte des autorités a été ferme, en adoptant une politique monétaire et fiscale accommodée. Les défis à relever 1. Continuer à renforcer la solidité des systèmes financiers - Malgré les progrès réalisés, le ratio des créances douteuses demeure supérieur à la moyenne des pays émergents - Leur provisionnement devrait être lui aussi amélioré - Renforcer la concurrence, y compris par la poursuite des privatisations des banques publiques 2. Stimuler le développement du secteur financier - Encourager l'approvisionnement et la diversification des marchés obligataires d'actions - Améliorer l'infrastructure du secteur financier 3. Et les accompagner dans leur intégration mondiale - Adopter les normes les plus avancées en matière de supervision bancaire - Renforcer la capacité analytique des banques - Avec une implication du FMI, une évaluation de la stabilité des systèmes financiers, et une mission d'assistance technique sur des projets spécifiques. Vue globale sur la région du Maghreb § De raisonnables solides fondamentaux macroéconomiques et une exposition limitée aux marchés financiers mondiaux ont épargné la région du pire de la crise financière. § La croissance régionale a été de 3,6 pour cent en 2009, et devrait se renforcer légèrement en 2010/11 § Le système bancaire stable, mais a un besoin urgent de modernisation et de réforme; § Les réformes structurelles dans la région, notamment en Algérie et en Libye, et le renforcement de l'intégration régionale seraient d'améliorer la productivité et d'améliorer les perspectives de croissance Les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Libye et Tunisie) ont émergé de la récession économique mondiale et la crise financière relativement indemne. Les performances macroéconomiques de ces dernières années ont été caractérisées par une croissance solide, inflation faible, et raisonnablement un assainissement des comptes de l'exercice. La dette extérieure, alors qu'elle est négligeable en Algérie et en Libye, a été maintenue à des niveaux gérables au Maroc et en Tunisie. La moyenne du PIB réel pour la région a augmenté de 3,6 pour cent en 2009, et les prévisions pour la croissance est légèrement plus élevé de 4 pour cent pour 2010-11. La Région devrait maintenir une croissance solide mais peu spectaculaire La réforme d'intégration limitée avec les marchés financiers mondiaux dans tous les pays du Maghreb, accompagnée d'une gestion macroéconomique prudente et constante des structures (notamment au Maroc et en Tunisie), a contribué à la dynamique de croissance dans la région durant la récession mondiale et la crise financière. Toutefois, les recettes provenant du tourisme et les envois de fonds a légèrement diminué et plusieurs projets immobiliers, mis en œuvre par les développeurs, ont été retardés ou annulés, en particulier au Maroc et en Tunisie. Les Investissements dans les infrastructures, le logement et la capacité d'exportation se poursuit à un rythme soutenu, largement financé par des ressources nationales. En Tunisie: Nécessité d'une consolidation du secteur bancaire et la privatisation Comme il a été le cas dans d'autres pays du Maghreb, le secteur bancaire n'a pas été directement touché par la crise financière mondiale. Le gouvernement a une part de 38,5 pour cent dans le système bancaire, qui se concentre principalement sur les activités bancaires traditionnelles, financé en grande partie à partir d'une base de dépôts solides de résidents. Le crédit à l'économie a augmenté de 10,1 pour cent en 2009. La rentabilité des banques a continué d'augmenter, ce qui a contribué à stimuler les performances des marchés boursiers. Le ratio des créances improductives a diminué, pour un total des prêts, de 17,6 pour cent en 2007 à 13,2 pour cent en 2009. Les travaux préparatoires de Bâle II avancent, et une fois qu'ils sont mis en œuvre, les exigences relatives à la couverture des risques de marché et opérationnels peuvent nécessiter une augmentation supplémentaire de capital. Le secteur bancaire doit être consolidé par la participation plus grande du secteur privé pour améliorer l'efficacité et améliorer les perspectives de croissance tirée par le secteur privé. Les perspectives restent positives La Tunisie a maintenu une croissance solide et stable des conditions financières de ces dernières années et les perspectives restent positives à moyen terme. Ainsi on prévoit une croissance progressive au fur et à mesure de la disparition de la crise mondiale. Le déficit du compte courant devrait s'établir à 3,0 pour cent du PIB en 2010. La reprise dans la zone euro est susceptible d'augmenter la demande pour les exportations et les services touristiques. Les réserves officielles brutes devraient augmenter de 10,6 milliards de dollars à la fin-2009 à environ 13,7 milliards de dollars à la fin-2011, offrant 6 mois de couverture des importations.