Pourquoi les femmes chefs d'entreprise, qui ont toujours été attachées à leur “indépendance“, viennent-elles soudain de se lier à des figures connues de l'activisme politique en Tunisie: la journaliste Omm Ziad connue pour ses positions dures, l'avocate Bochra Ben Hmida past-présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l'activiste Mohsen Marzouk, SG de la Fondation arabe pour la démocratie, la juge Lamia Dabbabi présidente de l'Association tunisienne des femmes juristes (ATFJ) et l'enseignante Selsebil Klibi de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis? C'est le 21 septembre qu'a eu lieu de rapprochement spectaculaire, si l'on ose dire, à la faveur d'une table ronde sous le thème “Le Code du statut personnel: réalités et défis“ et qui paraît fort innocent à première vue! Mais il faut aller au fond dans les intentions officiellement affirmées par la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise (CNFCE-UTICA) qui a annoncé le lancement d'un programme national de sensibilisation de la femme chef d'entreprise quant à son rôle dans l'exercice de sa citoyenneté et de sa contribution active dans la vie économique, sociale et politique! Raoudha Ben Saber, présidente de la CNFCE-UTICA, le dit sans détours: “Nos invités nous ont fait honneur en acceptant de contribuer avec des interventions qui nous font avancer de notre tendance à ne voir le Code du statut personnel que d'un point de vue économique, pour aller vers des changement qualitatifs. Nous souhaitons la pleine conscience du droit, la présence active dans le domaine public, la décentralisation... dans toutes les régions avec un débat sur tous les sujets intéressant la femme pour couper la voie devant tous ceux qui veulent nous cantonner dans un rôle minimal avec des idéologies religieuses ou politiques!“ Omm Ziad abonde dans ce sens: “Il faut lutter contre toutes les expressions des idéologies extrémistes. En tant que femmes chefs d'entreprise, pensez à vos sœurs démunies dont on manipule les voix électorales; elles sont le gibier idéal de toute dictature“. Un appel à de la politique de terrain et de pêche aux voix électorales! A retenir également les mots de Mohsen Marzouk qui en disent long sur la direction que pourraient prendre les patronnes: “Il n'y a pas de grande organisation nationale qui se batte vraiment pour la femme; il faut créer un grand réseau, une ligue, qui travaille par le lobbying, l'influence sur les élections, le travail de proximité, à l'échelle micro... Les femmes doivent entrer dans les partis politiques; c'est une question de survie“.