Passée quasi inaperçue, l'information était pourtant hors du commun: pour la première fois en Tunisie, la toute-puissance de l'ATI devenait partagée par un privé! C'est ainsi qu'un partenariat public-privé (PPP), a été annoncé le 3 janvier entre l'Agence Tunisienne d'Internet (l'ATI qui est le point d'échanges Internet de la Tunisie (TunIXP) et qui assure la gestion technique des noms de domaines et de l'adressage IP) et Meninx Technologies DataCentre (MXT), concepteur et opérateur du Premier Data Centre privé et neutre de Tunisie. Nous n'avons pas rêvé car, en examinant les détails de l'entente entre l'opérateur public et l'opérateur privé, nous avons constaté qu'il impliquait vraiment le partage de l'ex-monopole de l'ATI puisque ce partenariat se base sur 3 principes qui en attestent: - Le renforcement et la participation active au déploiement en Tunisie du Protocole Internet dans sa version 6 (communément appelé IPv6). L'ATI, en qualité de point d'échanges Internet de la Tunisie et Meninx Technologies, en qualité de concepteur et opérateur du 1er Data Centre privé, assureraient un meilleur adressage en IPv6 des sites tunisiens qui seront hébergés dans le nouveau Data Centre à Enfidha. - L'adhésion de MXT (identifié par l'AS 37504 assigné par l'Afrinic) en tant que nouveau membre de la plate-forme d'échange de trafic internet tunisien TunIXP de l'ATI. - L'hébergement à Meninx Data Centre d'une copie secondaire du DNS tunisien en vue d'améliorer l'offre d'hébergement sécurisé d'applications et de sites web en Tunisie avec garantie de performance et de haute disponibilité. Tous les deux disent avoir l'ambition de faire de la Tunisie un carrefour d'échanges entre les opérateurs, les acteurs du Cloud et les acteurs des technologies de l'information et de la communication en général. Une réanimation du partenariat public-privé (PPP) qui semblait moribond en Tunisie, nous faisant oublier toutes les opportunités que pouvait charrier ce mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Avis, dans la foulée, au partenaire privé qui reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public et/ou des usagers du service qu'il gère. Pourtant, ce mode de financement est très critiqué par la société civile qui accuse ses mécanismes d'être nuisibles à la démocratie et de ne pas apporter de réel bénéfice en matière de coût ou d'efficacité de gestion. Observons ce qu'il adviendra du nouveau partenariat entre l'Agence Tunisienne d'Internet et Meninx Technologies Data Centre pour tirer des conclusions.