Les faits remontent au mois de mars, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac le bureau du doyen Habib Kazdaghli. L'une d'entre elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le niqab en salle de cours, accuse l'universitaire de l'avoir giflée. Les deux jeunes filles sont poursuivies dans ce même procès pour avoir attaqué le bureau. Habib Kazdaghli est accusé d'agression par une militante salafiste. Le ministère public ayant jugé bon de requalifier l'accusation en acte de violence commis par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions. Les poursuites contre le doyen ont déclenché un tollé en Tunisie et lancé un débat sur l'autorisation ou non du voile intégral durant les cours dans les universités. Kazdaghli a reçu le soutien de nombreux universitaires étrangers et des professeurs et juristes français et belges qui ont assisté au procès qui a été reporté plusieurs fois depuis l'été. Le livre paraît la veille de la date de son prochain procès qui aura lieu jeudi 17 janvier. L'ouvrage Chroniques du Manoubistan reconstitue les épisodes d'un étrange feuilleton qu'on pensait d'un autre âge. Les événements se sont déroulés à la Faculté des Lettres de La Manouba, devenue le matin du 28 novembre 2011 l'objet d'une conquête (ghazoua) salafiste. Elles retracent, de jour en jour, la montée de la violence jusqu'à l'absurde comparution du doyen Kazdaghli, accusé d'agression contre des étudiantes en niqab venues saccager son bureau. Un retournement invraisemblable où, de victime, il devint coupable. Ces pages sont aussi un recueil de chroniques tunisiennes qui rappellent l'existence en Tunisie d'autres Manoubistan et que ces événements font partie d'une campagne savamment orchestrée d'atteinte aux libertés. Des événements qui prouvent aussi à quel point cette offensive liberticide a pour objectif de mettre en péril le projet moderniste tunisien. Véritable journal de combat et de défense des valeurs humanistes, ces chroniques sont enfin un hymne à la liberté et à la résistance des hommes et femmes du savoir, de la culture et des arts. En dénonçant les briseurs de rêves, elles incarnent un espoir: que la Tunisie soit à «la hauteur» de sa Révolution. Originaire de la ville de Hammamet, Habib Kazdaghli, né en 1955, est professeur d'Histoire contemporaine à la Faculté des Lettre, des Arts et des Humanités de La Manouba (Université de Tunis-La Manouba). Ses axes de recherche portent sur: l'histoire contemporaine de la Tunisie et du Maghreb, l'histoire du mouvement communiste, l'histoire des minorités et des communautés de Tunisie (Juifs, Grecs, Russes, Maltais, Italiens ), l'histoire du tourisme au cours de la période coloniale. Il anime l'axe Histoire et mémoire des communautés, mémoire des lieux, au sein du laboratoire de recherche: Régions et ressources patrimoniales de Tunisie, dirigé par le professeur Abdelhamid Larguèche. Elu depuis le mois de juillet 2011 au poste de doyen de la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités (Université de Tunis-Manouba).