Après avoir vécu une trentaine d'années sous des économies dites socialistes, et une quinzaine d'années sous les sirènes de l'économie capitaliste, les Africaines tentent depuis un certain temps une nouvelle voie intermédiaire, qu'ils appellent de leur vu «économie sociale et solidaire». C'est tout simplement une sorte d'appel à la rescousse de l'économiste autrichien Joseph Schumpeter, qui défendit la thèse d'une économie sociale de marché contre le capitalisme à tout-va. C'est ainsi que la capitale malienne a dernièrement abrité une importante rencontre en vue de l'élaboration d'une vision africaine de l'économie sociale et solidaire, dont la cérémonie d'ouverture fut présidée par le ministre malien du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées, Djibril Tangara, en présence des représentants des organisations de coopération bilatérale et multilatérale, ainsi que du président du Réseau national pour l'appui à la promotion de l'économie sociale et solidaire, Abdoul Salam Fall. Les thèmes qui ont été débattus à Bamako ont notamment porté sur les finances solidaires, les alternatives populaires à la privatisation, le développement local, le commerce équitable et éthique et la promotion de l'économie sociale et solidaire. Mais qu'entend-on par économie sociale et solidaire ? Elle désigne un ensemble d'activités économiques à finalité sociale qui participent à la construction d'une nouvelle façon de voir et de penser l'économie à travers des dizaines de milliers de projets dans les pays du Nord comme du Sud. Une quinzaine de pays étaient représentés, à savoir le Sénégal, Bénin, Burkina Faso, Togo, Maroc, Guinée Conakry, Afrique du Sud, Kenya, Niger, Guinée Bissau, Cap Vert, Zimbabwe, Cameroun et la Côte d'Ivoire. Ce qui prouve l'intérêt de la question. Car il s'agit pour les acteurs africains du domaine de tenter de concevoir une approche globale qui pourrait constituer une alternative à l'économie de marché ultra-libérale. Organisé par le Réseau national d'appui à la promotion de l'économie sociale et solidaire du Mali (RENAPESS), en collaboration avec le secrétariat technique du Réseau intercontinental de promotion de l'économie sociale et solidaire (RIPESS), le rendez-vous de Bamako vise à construire collectivement des alternatives à l'économie ultra-libérale par la capitalisation des connaissances et des expériences dans le secteur de l'économie sociale et solidaire. En clair, il s'agit de définir une vision africaine de l'économie sociale et solidaire, à renforcer la dynamique de mise en place d'un réseau africain de l'économie sociale et solidaire, et à préparer le rendez-vous intercontinental de Dakar 2005 sur la globalisation de la solidarité. Cette ambition est certes louable, mais quels sont, réellement, les exemples réussis d'économie sociale solidaire en Afrique qui pourraient servir de canevas ? Ceci dit, le rendez-vous de Bamako a été l'occasion pour les techniciens, acteurs de la société civile et les partenaires techniques et financiers d'en mesurer la réalité en Afrique, à travers les communications et les débats que les participants ont eu à faire. Elle a également permis d'adopter une vision et un ensemble de stratégies pour la promotion de l'économie sociale et solidaire sur le continent. De bon augure pour imprimer sa vitesse de croisière au renforcement des relations entre acteurs du secteur de l'économie sociale et solidaire tant aux plans national, africain, qu'international. Toutefois, il n'est pas sans intérêt de rappeler in fine que K. Marx, malgré sa condamnation farouche du capitalisme, n'a jamais nié qu'il constitue tout de même un régime économique qui crée l'abondance de biens. A notre avis, la meilleure façon de lutter contre la pauvreté en Afrique, c'est de libérer les énergies individuelles et promouvoir la paix, les échanges commerciaux entre les pays, en limitant au maximum les droits de douane. Sans cela, toute autre tentative sera vouée à l'échec.