Le climat social en Tunisie est « tendu ». Les Tunisiens ont la capacité de garder leur sérénité dans les moments difficiles, grâce à leur refus de l'anarchie et de toute forme d'extrémisme, qu'il soit de gauche ou de droite. C'est ce qu'a confirmé M. Abdessatar Sahbani, professeur de sociologie à la faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis. Selon M. Sahbani, également président de l'Association Tunisienne de Sociologie, la relance économique du pays passe par l'éclosion d'une nouvelle génération d'entrepreneurs. « Il faut qu'il y ait une bourgeoisie nationale car une démocratie sans base sociale, n'a pas d'avenir. Cette bourgeoisie nationale est une garantie pour la démocratie du fait qu'elle est basée sur la compétitivité et qu'elle exige la transparence, le respect de la loi et l'instauration d'un climat social égalitaire qui permet la bonne circulation des investissements ». Pour le secteur privé, il a rappelé que la Tunisie n'a connu, tout au long de son histoire, que deux présidents de la centrale patronale (UTICA), MM. Ferjani Belhadj Ammar, sous l'ère de Bourguiba et Hédi Djilani, sous la présidence de Ben Ali. Ceci explique, d'après lui, « la mainmise » de l'Etat sur le secteur privé, à l'origine d'un grand handicap des entrepreneurs tunisiens et de leur incapacité à booster le progrès économique. Désormais, le pays a besoin d'une nouvelle génération d'entrepreneurs, ceux qui osent innover, comme disait l'économiste autrichien Schumpeter. Selon le sociologue, le climat social dépend aussi de l'environnement de l'investissement, il faut donc motiver davantage les entrepreneurs pour qu'ils investissent dans les régions défavorisées. M. Sahbani a suggéré la création de « cellules d'écoute » au sein des entreprises, à l'intention de tous les partenaires sociaux, en vue d'améliorer la qualité des relations humaines et partant promouvoir le produit national.