Dans une récente étude du centre d'études McKinsey Global Institute (MGI), dont l'objectif est d'apporter un éclairage nouveau sur l'avenir de l'industrie française et «l'inquiétude suscitée par les délocalisations et les fermetures d'usines», «face à la montée en puissance des pays émergeants dans les échanges mondiaux et au développement des services sur son propre sol, une nation comme la France, longtemps marquée par une forte culture industrielle, ne risque-t-elle pas de voir sa base industrielle décliner inéluctablement, puis disparaître?». Cette étude a brossé un tableau contrasté sur l'industrie française. Le rapport de McKinsey souligne, en effet, que bien que le déclin industriel soit très relatif, il estime que la perte de compétitivité est plus préoccupante. Il soutient que pour retrouver une industrie française dynamique, il est primordial de comprendre et résoudre, par les actions combinées des entreprises et des pouvoirs publics, les problématiques de compétitivité et d'attractivité auxquelles l'industrie française est confrontée. Selon cette analyse, l'embellie actuelle de la production industrielle ne saurait masquer la nécessité d'une réflexion approfondie sur les fondamentaux de l'industrie qui laisse apparaître des faiblesses de nature structurelle. De ce diagnostic, l'étude relève la dégradation simultanée de l'emploi, des marges et des investissements productifs, notamment le net ralentissement des gains de productivité et la baisse des parts de marché de ses exportations dans le monde; dans l'industrie, deux emplois sur cinq travaillent en France pour l'exportation. L'étude de McKinsey propose ensuite six pistes pour réorganiser la base industrielle française : * adopter des réglementations "efficaces" et optimiser le niveau de concurrence en fonction des secteurs ; * améliorer la fluidité du marché du travail et l'employabilité de la population active ; * lancer une "initiative Lean" ; * tirer parti de la proximité des clients et marchés au sein de l'espace européen ; * concentrer les ressources et les efforts en privilégiant les secteurs à fort potentiel et les domaines d'excellence privés comme publics ; * structurer et décloisonner l'innovation. H.H. (Source : McKinsey Global Institute (MGI)) La démarche Lean : Le Lean, aussi appelé "production au plus juste", est une approche développée à l'origine par le constructeur automobile Toyota qui vise à l'amélioration continue non seulement des coûts mais aussi des niveaux de stocks, de la qualité des produits et des processus ainsi que des délais de fabrication entre la commande et la livraison. Cette démarche s'applique aussi bien à la production qu'à la recherche-développement, à la logistique ou aux fonctions de support. Elle englobe des techniques et outils permettant d'éliminer les gaspillages et la variabilité, d'améliorer la flexibilité des outils et des méthodes de travail, mais elle préconise aussi une organisation du travail radicalement différente, donnant une place beaucoup plus importante à l'initiative de la part des opérateurs et de l'encadrement, et visant à progresser en permanence. Initialement conçus pour la fabrication automobile, les principes du Lean ont été repris, développés et adaptés pour être appliqués à l'ensemble des activités, de la conception à la distribution, aussi bien dans les différents types d'industrie (assemblage, processus de fabrication en continu) que dans les services (back offices bancaires, maintenance des réseaux de télécommunications, distribution, centres d'appels, ).