Engagé depuis cinq ans dans la mise en uvre d'une stratégie d'expansion au Maghreb, le groupe CIC pourrait devenir l'actionnaire majoritaire de la plus ancienne banque de Tunisie. «Nous restons toujours attentifs à toute évolution de la situation tunisienne et n'excluons pas un jour de renforcer notre présence». C'est ce que déclarait M. Michel Lucas, président du Crédit mutuel et du CIC (Crédit Industriel et Commercial), à notre confrère «L'Economiste maghrébin», en mars 2003. Candidat, en 2002, au rachat de l'Union Internationale de Banque (U.I.B.), finalement tombée dans l'escarcelle de la Société Générale, le groupe CIC a pu concrétiser sa volonté d'expansion en Tunisie en montant, début 2003, à 23% dans le capital de la Banque de Tunisie (et du centre d'appels lui appartenant) dont la Société Générale était actionnaire avant de s'en désengager pour reprendre l'UIB- , grâce au rachat d'un paquet de 419.995 actions BT pour un montant de 22 MD, devenant ainsi le plus important actionnaire de la plus vieille banque de Tunisie. Deux ans plus tard, le groupe français récidivait pour devenir l'actionnaire n°1 des Assurances Astrée, dont il détient depuis 34% du capital directement, et 48% à travers la Banque de Tunisie. Et en 2006, le groupe bancaire français renforçait encore plus sa présence dans notre pays à travers l'entrée de la Banque Marocaine du Commerce Extérieur (BMCE) dans le capital d'Axis à hauteur de 50%-, en juin 2006, deux ans après que CIC soit entré dans celui de la BMCE à concurrence de 10%. Et ce n'est pas fini. Car la banque française serait décidée à se consolider encore plus en Tunisie. Et pour ce faire, aurait l'intention de monter davantage dans le capital de la Banque de Tunisie, et peut être même d'en devenir l'actionnaire majoritaire. Le processus de «prise en charge» de la banque par son actuel actionnaire de référence aurait même commencé en prévision d'un «basculement» prévue pour 2008. Lorsqu'on l'invite à parler des «projets de développement en Tunisie», le bureau de représentation de CIC en Tunisie botte en touche, en expliquant que le commentaire de ce dossier relève de la maison-mère en France. La stratégie de consolidation de la présence de CIC au Maghreb n'en est qu'à ses débuts. Présent au Maroc et en Tunisie, le groupe bancaire français a aussi des projets très concrets en Algérie «où après une décennie d'ajustements structurels drastiques induisant de très lourds sacrifices pour la population et une décennie de troubles sécuritaires et d'instabilité politique, s'ouvrent de grandes opportunités grâce à la nouvelle politique d'ouverture, l'excellente situation financière, le plan de relance économique, ainsi que les besoins de modernisation de l'appareil productif ». Après l'ouverture d'un bureau de représentation dans ce pays en 2000, le CIC a demandé en 2006 en plus d'une démarche similaire effectuée par sa filiale marocaine, en l'occurrence la BMCE- un agrément pour l'ouverture d'une filiale algérienne appelée à opérer comme banque de dépôt. Mais la banque française est également intéressée par les projets de privatisation de banques publiques algériennes.