La récente cession de la chaîne publique des grandes surfaces «Le Magasin Général» au consortium, la Générale Industrielle Alimentaire du Nord (GIAN), propriété de la famille Bayahi et le groupe Poulina (agro alimentaire), a consacré la libéralisation totale de ce secteur, et partant, le désengagement de l'Etat de cette activité . Le consortium a racheté 76,31% du capital du Magasin Général détenus par des entreprises publiques : l'Office du commerce de Tunisie (OCT) avec 44,09%, la Banque Nationale Agricole (BNA) avec 30,71% et la CTAMA, une caisse publique d'assurance agricole. L'ex chaîne publique, qui accusait un retard technologique par rapport à ses concurrents, avait amélioré son attractivité par l'ouverture d'un magasin moderne, dans un quartier standing de Tunis (El Menzah 6) pour un coût de 2,4 millions de dinars. Ce magasin, d'une superficie de 3400 m2, est un des plus modernes du groupe. Il est équipé d'un réseau Wifi et de caisses intelligentes, intégrées et automatiques. Avec le rachat du « Magasin Général », le secteur de la grande distribution est structuré en trois pôles : le premier piloté par le groupe français Promodes (hypermarchés carrefour et supermarchés champion, 30% du marché), le second par casino (hypermarchés Géant et grandes surfaces monoprix, +32% du marché) et le troisième pôle, le magasin général de Gian-Poulina qui représente avec ces 45 points de vente répartis sur toute la Tunisie (35%). Parallèlement à ces pôles, des centres commerciaux, de taille variable, se sont développés dans le Grand Tunis et notamment dans des zones à fort pouvoir d'achat. Citons le Palmarium à Tunis, le centre Zéphyr à la Marsa, le centre Makni à El Manar, le centre Tej Marhaba à Sousse... C'est pour dire que la grande distribution (10% de la distribution totale actuellement) a de beaux jours devant elle, avec 10% de taux de croissance par an, selon une étude de marché. La Tunisie compte, particulièrement, sur les distributeurs étrangers pour moderniser son commerce Elle les encourage même à s'implanter sous certaines conditions : création d'emplois, quota de produits locaux, transfert limité de devises. Promodes (Carrefour) et Casino (Géant), semblent s'accommoder de ces contraintes en attendant les négociations avec l'Union européenne sur la libéralisation des services. Le grand Tunis est capable d'abriter quatre hypermarchés sur un total de dix prévus en Tunisie, selon une étude menée sur l'implantation des hypermarchés. Au total, le secteur de la grande distribution à dominante alimentaire est constitué de 189 magasins : Magasin Général (45 supermarchés), Champion (45 supermarchés/supérettes), Monoprix (40 supermarchés), le Passage (7 supermarchés/6 supérettes), Promogro (4 supermarchés), Carrefour (1 hypermarché), Géant (1 hypermarché) et quelques supermarchés indépendants. Ces grandes surfaces ont une taille moyenne de 900 m2 pour les magasins situés dans la capitale et de 600 m2 pour ceux établis à l'intérieur du pays. Le développement du secteur se fera cependant au grand dam des petits commerces de quartiers qui se compose de quelque 250.000 échoppes et fait travailler 450 500 employés. Le petit commerce conserve un poids économique très important : il réalise près de 85 % du chiffre d'affaires du secteur et propose le plus souvent une large offre de produits (épicerie, boissons, boulangerie, tabac). Compte tenu de la faiblesse relative du pouvoir d'achat des tunisiens, et notamment en dehors de la Capitale, l'épicier reste un élément indissociable du paysage urbain et rural. Il offre de nombreux services aux clients : la proximité, le crédit. Mieux, il est ouvert 16h sur 24.