L'opérateur émirati l'a emporté parce qu'il a bénéficié de la puissance de feu financière du groupe public- Dubaï Holding- dont il fait partie. Une puissance illustrée par des acquisitions dans différents secteurs et pays. Tecom aura bien caché son jeu. Deuxième au bout du premier tour, derrière son malheureux rival du second, l'opérateur télécom émirati aura attendu le dernier moment pour faire parler sa puissance de feu financière et remporter une victoire symptomatique de la montée en puissance d'un pays, les Emirats Arabes Unis, et en particulier celle de bras financier à l'intérieur et à l'extérieur du pays : Dubaï Holding.
Ce holding a été créé en octobre 2004, d'abord pour consolider les multiples grands projets d'investissement et d'infrastructures durant les cinq années précédentes, et, ensuite, afin d'identifier et d'en réaliser de nouveaux tant aux Emirats Arabes Unis que dans la région.
Présidé par le prince héritier de Dubaï et ministre de la Défense des E.A.U., Cheikh Mohammed ben Rashid Al Maktoum, Dubaï Holding regroupe une vingtaine d'entreprises dans divers secteurs (technologie, finance, immobilier, tourisme, énergie, santé, éducation, télécommunications, biotechnologie, etc.).
Tecom est une sorte de groupe dans le groupe puisque constitué de trois branches lancées successivement en 2000 (Dubaï Internet City), en 2001 (Dubaï Media City) et 2003 (Dubaï Knowledge Village).
Par la suite, Tecom a créé l'«IMPZ» (International Media Production Zone), la première zone franche de la région dédiée à la production des médias, «DOZ» (Dubaï Outsource Zone), la première zone franche du monde spécialisée dans l'outsourcing, «DuBiotech» (Dubaï Biotechnology and Research Park) spécialisée dans les biotechnologies, et Dubaï Studio City, une autre zone franche accueillant les activités de cinéma, de diffusion et de production musicale. En somme, Tecom c'est une version arabe de Vivendi Universal.
L'acquisition de 35% du capital de Tunisie Télécom n'est pas le premier «coup» de Tecom à l'étranger. La filiale de Dubaï Holding en a déjà réussi plusieurs.
En novembre 2005, Tecom a conclu un partenariat stratégique avec Interoute, propriétaire et opérateur du réseau voix et données le plus dense d'Europe, concrétisé par une participation dans le capital d'Interoute, pour 125 millions d'Euros.
En décembre 2005, Tecom, dont l'objectif est de diversifier son activité en investissant dans les secteurs technologiques à forte croissance, a acheté 40% du capital d'Axiom Telecom, le plus grand distributeur avec 363 points de vente- de produits sans fil au Moyen-Orient.
En juillet de la même année, la filiale de Dubaï Holding a conclu avec Capital Partners un accord pour la réalisation d'une cité résidentielle à Dubaï sur 1,6 million de m2 interdit à la circulation automobile un investissement de 1 milliard de dollars.
Tecom n'est cependant pas la seule filiale de Dubaï Holding à investir à l'étranger. En janvier 2005, le groupe est en effet devenu le troisième actionnaire de DaimlerChrysler juste derrière Deutsche Bank (10,4%) et l'Etat du Koweït (7,2%), en faisant l'acquisition de 2% du capital du géant allemand pour 1 milliard de dollars.
Dans la foulée, «Dubaï International Capital», autre filiale de Dubaï Holding créée en octobre 2004, a racheté le groupe Tussauds -connu pour son musée de cire, et le parc d'attraction d'Alton Towers au Royaume-Uni, et d'autres activités aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et à Hong Kong- pour 1,5 milliard de dollars.
En Tunisie, Dubaï Holding est déjà actionnaire de SOMOCER (groupe Abdennadher), à hauteur de 12% du capital. Mais lors d'une visite en 2005, M. Mohammed Al Gergawi, patron de Dubai Holding, avait annoncé que son groupe envisageait d'investir près de 300 millions de dollars dans différents secteurs.