Une politique macroéconomique avisée et une ouverture volontariste mais progressive de l'économie ont contribué, selon le Fonds Monétaire International (FMI), à placer l'économie de la Tunisie, au cours de la décennie passée, parmi les meilleures dans la région, avec une croissance moyenne du PIB de 5% dans un environnement macroéconomique stable. Pendant les deux ans passés, toujours selon le FMI, l'économie tunisienne a su résister à la flambée des prix d'hydrocarbures et d'autres matières premières importées, soutenant une croissance économique relativement forte tout en maintenant la stabilité macroéconomique.
La croissance réelle du PIB est passée de 4% en 2005 à 5,4% en 2006, suite, entre autres, à un rebond dans la production agricole ; cette croissance du PIB pourrait atteindre environ 6% pour cette année 2007.
La forte croissance de revenu et la liquidité abondante ont augmenté la demande intérieure, même si le taux de chômage est resté inchangé à 14,2% en 2006.
Les experts du FMI notent par ailleurs que le déficit de compte courant s'est élargi, mais la balance des paiements a enregistré un grand excédent, compte tenu des recettes des privatisations, lesquelles ont permis de réduire la dette extérieure totale de 65,4% du PIB en 2005 à 59,1% en 2006.
Ils soulignent également que le défi majeur de la Tunisie est de créer assez d'emplois, notamment pour les nouveaux diplômés du supérieur dont le nombre ne cesse d'augmenter
En outre, le FMI indique que la Tunisie continue à être plus transparente en matière de données statistiques relatives à sa politique économique. A ce titre, le Fonds insiste sur le fait que la Tunisie a publié tous les documents du Conseil d'administration du FMI ainsi que les rapports de mission du personnel du Fonds, ces dernières années.
Evaluation du Conseil d'Administration
Les experts du Fonds monétaire international ont félicité les pouvoirs publics tunisiens pour leur gestion macroéconomique habile et leur engagement pour la mise en place des réformes structurelles, qui ont contribué à la forte performance économique de la Tunisie au cours de la décennie passée : croissance économique robuste, maîtrise de l'inflation, amélioration de la position extérieure, baisse de la dette publique .
Toutefois, le FMI estime que des efforts supplémentaires doivent être fournis afin d'accélérer les réformes et renforcer plus loin la position macroéconomique, pour augmenter la croissance et réduire le chômage, en augmentant la flexibilité de l'économie et la capacité de résistance. Ils ont également appelé les pouvoirs publics à rester vigilants face aux risques de surchauffe, considérant l'augmentation récente du prix de produits de pétrole, le probable excès considérable de liquidité et l'impact des projets d'infrastructure.
Les experts du Fonds ont aussi accordé leur satisfecit pour la politique fiscale prudente de la Tunisie, et invité à une consolidation fiscale afin de maintenir le caractère durable fiscal à long terme face aux pressions budgétaires, particulièrement le vieillissement de la population et la baisse des recettes non fiscales et tarifaires.
En conséquence, la base fiscale devrait être élargie. Selon le FMI, les subventions de plus en plus coûteuses de carburant devraient progressivement être éliminées.
Sur un autre chapitre, le FMI considère que le niveau actuel du taux de change est largement approprié, et invite donc les autorités monétaires à continuer à augmenter la flexibilité du taux de change et promouvoir le développement de l'argent et des marchés du change, en réduisant le rôle de la Banque centrale dans ces marchés.
D'ailleurs, le Fonds n'a pas manqué de saluer la stratégie de la Tunisie de la réforme du système financier, une stratégie basée sur le Programme d'Evaluation de Secteur Financier et sa mise à jour, qui a déjà eu des résultats positifs.
Toujours dans le même ordre d'idées, les experts du Fonds se sont félicités des efforts engagés pour mettre en uvre les réformes du secteur bancaire sur la base du rapport d'évaluation de la stabilité du secteur financier. Ils ont pris note de la conclusion de l'évaluation selon laquelle le niveau actuel des prêts improductifs ne menace pas la stabilité macroéconomique du pays. Ils ont néanmoins recommandé que les autorités s'emploient vigoureusement à renforcer le secteur bancaire afin d'améliorer son efficacité, permettre au nouveau cadre monétaire proposé de fonctionner correctement et, en temps voulu, de libéraliser le compte de capital.
Ils ont également apprécié le progrès réalisé dans l'intégration de l'économie tunisienne dans l'économie régionale et mondiale. C'est pourquoi le FMI encourage la Tunisie à déployer davantage d'efforts afin de mettre en place un marché de travail plus flexible, de libéraliser le secteur de services et d'améliorer le climat d'investissement, ce qui renforcerait la compétitivité de l'économie du pays.
Enfin, les experts du FMI ont mis en exergue le progrès accompli dans l'exécution des mesures visant à combattre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.