La Tunisie maintient une position relativement favorable pour faire face à la crise économique et financière mondiale, la plus grave depuis 60 ans, a déclaré, mercredi à la TAP, M.Joel Toujas-bernaté, chef de division au département Moyen-Orient et Asie Centrale et chef de la mission du Fonds Monétaire International (FMI) en Tunisie. Le chef de la délégation du FMI, qui séjourne dans le pays, depuis le 10 juin 2009, dans le cadre des visites périodiques de l'institution mondiale pour évaluer l'impact de la crise sur ses pays membres, a affirmé que la Tunisie est en mesure de réaliser, cette année, un taux de croissance de 3 % (projections du FMI), et ce, compte tenu des bonnes performances attendues dans le secteur agricole et énergétique. Il s'agit là d'une performance relative et exceptionnelle, qui marquerait un écart important par rapport aux principaux partenaires de la Tunisie, d'environ 7 points de croissance, a t-il relevé. En effet, la récession des partenaires économiques et commerciaux de la Tunisie (principalement les pays européens) est évaluée à 4%, a-t-il précisé, rappelant que le FMI prévoit, pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, une récession de l'économie mondiale de l'ordre de 1 à 1,5 %. M.Joel Toujas-bernaté a qualifié les discussions et consultations avec les autorités tunisiennes de “très franches et très constructives”. Les politiques d'ouverture de l'économie menées par la Tunisie, a t-il avancé, ont permis de réaliser des gains de productivité et de compétitivité et ont placé les entreprises tunisiennes dans une position “plus solide” pour résister à ce choc. La politique macroéconomique “très prudente” de la Tunisie, que ce soit en matière de finances publiques ou de politique monétaire, a permis au pays de disposer d'une marge de manoeuvre très importante en ces temps de crise, a-t-il déclaré. En dépit des impacts de cette crise universelle, sur le pays, notamment, au niveau des exportations qui ont accusé une baisse au début 2009, M. Toujas-bernaté a souligné que la Tunisie dispose encore d'atouts et d'indicateurs solides. Il s'agit, essentiellement, des recettes touristiques au demeurant stables, des transferts des travailleurs tunisiens à l'étranger qui se poursuivent malgré la crise, des investissements directs étrangers (IDE) qui se maintiennent à un niveau satisfaisant et d'un positionnement toujours “très solide” en ce qui concerne les réserves officielles en devises, qui avoisinent les 9 milliards de dollars, soit environ 6 mois d'importations. Les autorités tunisiennes ont véritablement réagi “très rapidement” aux premiers signes de cette crise, a relevé M. Joel Toujas-Bernaté, indiquant que l'ensemble de mesures adoptées en vue accompagner les entreprises, notamment, off-shore, ont aidé le pays à atténuer les impacts de la crise sur l'économie tunisienne. S'agissant de la politique budgétaire, le responsable du FMI, a estimé que le déficit budgétaire, qui sera, cette année, de l'ordre de 4%, ne fragilise pas les grands équilibres macro-économiques, et ce, à la faveur de la baisse du taux d'endettement public, fortement réduit l'année dernière et qui resterait en-dessous de la barre de 50% du PIB, en 2009. Le secteur financier n'a pas souffert de la crise, a t-il noté, en témoigne, la poursuite de la dynamique de collecte des ressources, la contribution active au financement de l'économie et la poursuite de l'assainissement du secteur et de la baisse continue du taux des créances accrochées. Autres indicateurs favorables cités par le chef de la mission du FMI, le taux d'inflation orienté à la baisse, dépassant de peu les 3% et les comptes extérieurs courants qui ont commencé à s'améliorer au début de cette année, profitant, en partie, de la baisse des cours mondiaux des matières premières. L'institution mondiale soutient les politiques de relance engagées par les autorités tunisiennes, des politiques nécessaires qui devraient avoir un impact rapide sur la demande intérieure dans ce contexte difficile où les pays s'attachent à compenser la régression de la demande extérieure par un soutien très actif de la demande intérieure, a-t-il conclu.