Les technologies de l'information et de la communication (TIC) bousculent sérieusement la hiérarchie de l'économie internationale. Le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), dans sa dernière livraison 2008 est plutôt optimiste. On serait même amené à croire que le fameux fossé numérique est en passe d'être résorbé. «Si en 2002, le taux de pénétration d'Internet dans les pays développés était dix fois plus élevé que dans les pays en voie de développement (PVD), il n'était que six fois plus en 2006». Une nette amélioration, donc. Et ce ne sont plus les Américains, les leaders absolus des TIC. Les Chinois exportent deux fois plus de biens liés aux TIC que les Etats-Unis. Si l'Inde est loin derrière avec sa huitième place, son taux de croissance du secteur, 37% annuels, lui donne l'allure du futur chef de file. D'autres chiffres indiquent même une petite révolution. En 2004, les pays du tiers-monde se sont échangé pour 410 milliards de dollars de marchandises high-tech, contre 450 milliards de dollars pour le commerce Nord-Nord. Mieux : «En 2004, les exportations des pays en développement à destination d'autres pays en développement (Sud-Sud) ont été supérieures à celles des pays en développement vers les pays développés».
Les gains de productivités que peuvent tirer les pays du tiers-monde des TIC peuvent même être supérieurs à ceux du Nord. Le rapport de la CNUCED cite l'exemple de la Thaïlande : «lorsque la proportion des employés utilisant un ordinateur augmente de 10 %, la productivité du travail s'accroît de 3,5 % en Thaïlande, contre 1,8 % dans les entreprises finlandaises».
Mais le choix des exemples asiatiques n'est pas fortuit puisque ce sont eux qui sont les plus réactifs à ces nouvelles technologies. L'Afrique est encore loin derrière. Quatre pays, le Maroc, l'Egypte, le Nigeria et l'Afrique du Sud représentent à eux seuls 60% des internautes de notre continent africain, indique le rapport. Le nombre d'internautes par habitant dans les pays en développement est passé de 4,1 à 9,7% entre 2002 et 2006. Les pays riches sont encore largement en tête avec un taux de pénétration moyen de 58,2% en 2006.
Côté ADSL, il y a encore du chemin à faire, puisque selon la CNUCED, il ne concerne que 1,6% de la population dans le tiers-monde, contre 18,4% des habitants des pays développés. Les résultats les plus spectaculaires ont été atteints dans le secteur de la téléphonie mobile, avec un taux moyen qui est passé de 10,6 en 2002 à 29,5% en 2006.