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Tunisie-Politique : Entre Ennahdha et BCE, le miel est-il devenu du fiel ou est-ce de la poudre aux yeux ?
Publié dans WMC actualités le 17 - 07 - 2018

Tous ceux qui connaissent Béji Caïd Essebsi de près savent qu'avec ses collaborateurs, rivaux politiques ou partenaires sociaux, il communique très souvent en messages codés ou à demi-mots, et que lorsqu'il s'agit de dire les choses crûment et plus directement, ses messages sont généralement adressés à monsieur tout le monde. Il faut bien se faire comprendre, alors à chacun sa manière !
Le dernier entretien de Béji Caïd Essebsi, malgré la censure ou le montage effectué dans les studios de Nessma, a été édifiant à plus d'un titre malgré toutes les critiques constructives ou le « Tanbir » qu'il a suscité auprès des différents pans de la société tunisienne.
Tout d'abord, de par la terminologie utilisée et les messages de mise en garde ou de menace à peine dissimulés selon la position que l'on occupe, les alliances dans lesquelles certains acteurs politiques se sont engagés ou les lieux où ils ont choisi de de se trouver.

Depuis presque huit ans, jamais le président de la République n'a prononcé le terme "Morshed" (Guide général ou suprême), tiré du référentiel idéologique et culturel des Frères musulmans
Cet entretien retient aussi l'attention de par les avertissements exprimés clairement s'agissant de la sécurité nationale et des décisions prises par le chef du gouvernement dans ce domaine très sensible.
Ainsi et depuis presque huit ans, jamais le président de la République n'a prononcé le terme "Morshed" (Guide général ou suprême), tiré du référentiel idéologique et culturel des Frères musulmans. Rappelons à ce propos que dans la confrérie islamiste et pour ses fondateurs, «le Guide général ou suprême est un chef charismatique auquel les adhérents doivent une obéissance inconditionnelle dont le serment indispensable "Je m'engage envers Dieu, le Très Haut, le Très Grand, à adhérer fermement au message des Frères musulmans, à combattre pour lui, à vivre selon les règles de ses membres, à avoir entière confiance dans son chef et à obéir totalement en toute circonstance, heureuse ou malheureuse". Autour du Guide, on trouve le Bureau général de l'orientation -sorte de bureau politique choisi par lui et confirmé par une assemblée consultative (majliss al-choura) de 100 à 150 membres. Il existe aussi alors un organisme spécial chargé des missions clandestines et violentes»*.
Abdellatif El Mekki, membre de Majliss Al Choura et du parti Ennahdha, n'a pas manqué de relever la référence de BCE au Guide suprême (Al Morshed) dans un article publié sur le journal électronique Babnet, reprenant une déclaration diffusée sur les ondes de Cap FM : «Le terme utilisé par Béji Caïd Essebsi n'a pas été prononcé innocemment, il exprime un nouveau choix politique que nous découvrirons dans un avenir assez proche». Il a ajouté que ces allusions ne sont pas justes et que son parti ne s'y arrêtera pas, les liant aux prochaines échéances électorales de 2019.
Rappelons, à l'occasion, que suite à l'enquête ouverte par le Congrès américain concernant le danger des Frères musulmans pour ce qui est de la sécurité nationale américaine, nous avons eu droit à une déclaration de Abdelhamid Jelassi, membre du Conseil de la Choura nahdhaoui : «Nous sommes un mouvement tuniso-tunisien, nous n'avons pas peur et ce ne sont pas les Etats-Unis qui empêchent le ciel de nous tomber sur la tête». M. Jelassi a précisé qu'Ennahdha a des alliés européens (français, anglais et Canadiens) et qu'elle entretient des relations avec nombre de pays de par le monde.
Deux questions nous interpellent alors : Le message de M. Jelassi exprime-t-il son inquiétude par rapport au classement d'un mouvement (Les Frères musulmans), auquel lui et ses frères du Majliss ont déclaré ne pas appartenir, comme étant terroriste ? BCE aurait-il, en citant le Morshed, voulu faire allusion aux débats houleux du Congrès américain à propos des frères musulmans ?
«Je consacrerais tout ce que je possède et tout ce qui me reste comme temps et santé au service de la Tunisie, je n'hésiterais pas à user de mes relations à l'international pour sauver le pays qui traverse une crise assez grave exigeant les efforts de tout le monde et impliquant la responsabilité de tous. Nous sommes tous responsables». Ces mots prononcés à deux reprises par le président de la République, une fois lors de l'entretien diffusé dimanche 15 juillet et le lendemain au cours de la réunion avec les partenaires sociaux, disent tout d'autant plus que lors de sa rencontre avec le vice-président de la BM, BCE a été considéré comme étant le garant des réformes économiques que doit réaliser la Tunisie.
Citer l'international aujourd'hui et clamer haut et fort la possibilité de son recours à ses «relations à l'international» veut-il dire qu'il arrête de couvrir le mouvement
Sur un tout autre volet et non des moindres, rappelons que BCE a toujours déclaré avoir été le garant à l'international du mouvement Ennahdha dans sa dimension «islam politique démocratique et tolérant». Citer l'international aujourd'hui et clamer haut et fort la possibilité de son recours à ses «relations à l'international» veut-il dire qu'il arrête de couvrir le mouvement, qu'il n'est plus garant de rien et qu'il ne veut plus être le protecteur de «la vierge effarouchée» Ennahdha ?
Le dernier attentat dont ont été victimes les valeureux agents de notre garde nationale aurait-il servi de prétexte au président de la République pour se démarquer d'un parti qu'il considérait comme une «ligne parallèle» avec lequel il ne peut pas s'allier ? A-t-il réalisé tout d'un coup que, pendant que les membres du parti qu'il a créé se disputent entre eux et avec le gouvernement, Ennahdha renforçait son emprise sur le pouvoir, et que la Tunisie est en train de partir en miettes à tous les niveaux ? Le dernier des dinosaures de la Tunisie postindépendance, qu'il est, aurait-il été berné par le mouvement islamiste depuis 2011 ?
Surprenant tout de même !
Un gouvernement d'unité nationale ne peut être soutenu par un seul parti !
«Lorsque nous avions opté pour un gouvernement d'union nationale, il s'agissait de constituer un étau de partis et d'organisations nationales pour lui faciliter le travail et rendre possible le sauvetage du pays. Nous nous rendons compte aujourd'hui qu'il n'est soutenu que par Ennahdha -je n'ai rien contre, c'est un partenaire important-, mais il n'a pas réussi sa mission. S'il faut le changer, changeons-le, pour que le pays puisse sortir de l'ornière dans laquelle il se débat».
BCE hausse le ton !
Après quoi, diraient beaucoup, après que le navire a chaviré ? D'autres répondront : vaut mieux tard que jamais ! Mais que veut sauver au juste BCE ? La Tunisie ? Son nom pour la postérité ? Pour qu'on ne dise pas que même en imposant le consensus, il a mené le pays à la dérive? Ou sauver son fils, un acteur politique devenu inévitable qui aurait donné du fil à retordre au père et qui aurait été, selon nombre de sources, à l'origine de la déchéance de Nida Tounes?
«Je refuse de laisser le parti que j'ai fondé se désintégrer même si je suis aujourd'hui le président de tous les Tunisiens», crie haut et fort BCE ! En fait, Hafedh Caïd Essebsi serait-il seul responsable de la fission du Nidaa ou ce sont les différentes composantes de ce parti patchwork qui n'ont fait que servir leurs intérêts et s'en sont retirés dès qu'ils ont trouvé mieux ailleurs ?
Je ne peux aller au-delà des prérogatives que m'octroient la Constitution, mais je réalise les conséquences de ce limogeage inattendu
Si ce n'est peut-être quelques bonnes âmes -surtout des dames- qui ont préféré garder leur respect pour elles-mêmes et pour leurs électeurs et s'en sont allées et d'autres qui ont fait de la résistance pour les bonnes raisons!
BCE a fait allusion à l'avenir du Nidaa lors du fameux entretien mais il a aussi insisté sur le volet sécuritaire et sur le fait que son protégé Y.C, celui pour lequel il pensait être indispensable dans la prise de grandes décisions telles le limogeage du ministre de l'Intérieur, à titre d'exemple, Lotfi Brahem, «excellent en tant qu'homme d'action», lui a échappé. Il a affirmé avoir été pris au dépourvu par la brusquerie de la décision d'Y.C : «Je ne peux aller au-delà des prérogatives que m'octroie la Constitution, mais je réalise les conséquences de ce limogeage inattendu ! Un attentat terroriste et des morts dans nos rangs parce qu'il y a eu des changements impromptus touchant les officiers de renseignement et de lutte antiterroriste».
Plus clair que cela, on meurt !
Ennahdha est dans l'obligation de définir clairement la nature de leurs rapports avec l'organisation internationale des Frères musulmans et des mouvements islamistes de par le monde
Dans la rive du parti islamiste Ennahdha, les réactions des quelques membres du Majliss Al Choura qui se sont exprimés publiquement dissimulent mal le malaise des uns et des autres quant à la nouvelle posture du président de la République.
L'assurance et parfois l'arrogance dont ils font preuve depuis des années sont quelque peu ébréchées. Aujourd'hui, et plus que jamais, ils sont dans l'obligation de définir clairement la nature de leurs rapports avec l'organisation internationale des Frères musulmans et des mouvements islamistes de par le monde, considérés aujourd'hui par l'establishment politique américain comme dangereux.
Entre Ennahdha et BCE, le miel est-il devenu du fiel ou est-ce de la poudre aux yeux ?
Alors frères ou pas frères ? BCE a-t-il voulu, en citant Al Morshed (le guide suprême), les pousser dans leurs retranchements et les inciter à se démarquer définitivement de la nébuleuse islamiste internationale et du coup de réviser l'assise religieuse de leur parti ? Un parti qui doit l'allégeance de ses bases à son background idéologique religieux ?
Entre Ennahdha et BCE, le miel est-il devenu du fiel ou est-ce de la poudre aux yeux ?
Le contexte international a changé et même les fausses victoires successives d'Erdogan, porte étendard des Frères musulmans en Turquie et dans le monde, n'arrivent plus à convaincre l'opinion publique internationale que l'islam politique peut être démocratique.
Les donnes changent sur le terrain. Les esprits formatés des mouvements islamistes pourraient-ils être reformatés dans le sens de projets politiques et socioéconomiques fédérateurs, respectueux des libertés et démocratiques ? A ce jour, l'histoire a montré que le reformatage idéologique ou l'intégration des endoctrinés n'ont jamais ou rarement réussi.
J'ai peur de mourir en laissant mes filles grandir dans un pays rétrograde et menacé d'obscurantisme
Donc wait and see et surtout voyons ce que BCE nous réserve dans les prochains mois et si lui aussi va pouvoir réaliser en une année ce qu'il n'a pas réalisé en 3 années : préserver la Tunisie de la violence et de la montée des mouvements extrémistes et sauver ce qui reste de stabilité sociale, d'équilibres macroéconomiques ainsi que le modèle sociétal tunisien.
Car c'est le comble du désarroi que d'entendre un père de famille vous dire : «J'ai peur de mourir en laissant mes filles grandir dans un pays rétrograde et menacé d'obscurantisme et d'extrémisme».
A qui la faute ?
Amel Belhadj Ali


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