A en croire le magazine français «Marianne», (ici) une guerre larvée sévit entre les journalistes et les blogueurs. Les uns piétinant allégrement les platebandes des autres. L'article ne prend curieusement pas en compte les journalistes en ligne, qui prennent de l'importance, même dans des pays à grande tradition de presse. Il est clair que sur le net, le journaliste s'expose à plus de risques. Celui de se voir démenti, voire raillé et conspué, par des internautes sarcastiques et sans pitié ! Les articles publiés sur le web, quand ils ont un minimum d'intérêt, n'en finissent pas de voyager. Ils sont repris, re-publiés sur des blogs, commentés, et parfois même déformés ! C'est qu'internet est resté, bon an mal an, un media hautement participatif. Et même si les commentaires que suscitent certains articles controversés ne sont pas toujours publiés sur les sites web dits «sérieux» ou de «références», les internautes peuvent toujours copieusement les huer sur leurs propres blogs. Une opération qui peut faire boule de neige. Et le journaliste incriminé se retrouve mis sur la sellette, englouti sous une avalanche de raillerie. Certains blogs tunisiens à l'ironie mordante, ont en fait une spécialité. Un spectacle virtuel devenu courant sur notre web local, friand de lynchage médiatique. Toutefois, les supports se multiplient à grande vitesse. Les commentaires et les messages postés prennent parfois le pas sur l'article initial, à l'origine de la polémique. Détournant (souvent) le flux d'informations, dans d'autres directions
Le blogueur, le plus souvent amateur, peut toujours fermer son site en quelques clics. L'anonymat protégeant sa réputation d'honnête homme. Et après tout ce n'est pas son gagne-pain qui est en jeu. Alors toutes les audaces sont permises. Surtout dans un paysage médiatique plutôt figé. Les répliques cinglantes et assassines qui fleurissent sur le net ne sont pas dénuées d'intérêt. Elles ont au moins le mérite d'émoustiller un lectorat plutôt habitué au ronronnement. Les commentaires de certains blogueurs tunisiens (comme notamment Carpe Diem) sont même d'une telle qualité, qu'ils auraient pu faire le bonheur de la presse locale. Mais dans un contexte différent.
Le grincement de la scie électronique qui tranche dans le vif de la langue de bois devient une douce musique aux oreilles blasées et lassées des refrains dépassés. Mais peut-on pour autant accorder du crédit en prenant pour argent comptant des rumeurs qui circulent sur le web ? Et si les citoyens les remettaient en cause, quel choix réel leur resterait-il dans un contexte où la transparence n'est pas toujours une priorité ?
La revendication reste donc clairement la même. L'information est une marchandise stratégique. Et c'est sa libre circulation, sans entraves (administratives, cela s'entend), qui garantira les bons choix économiques. Que ce soit au niveau de l'entreprise, ou même à une plus grande échelle. Pour ne pas laisser les «amateurs» occuper le terrain, avec toutes les dérives possibles, encore faudrait-il laisser les professionnels faire leur travail. Les décrédibiliser ne rend pas service aux institutions. Car elles devront faire face à un concert de voix assourdissantes (discordantes ?), incontrôlables. Qui s'élèvent déjà sur le web.