«C'est une période particulière. S'il y a crise, elle n'est pas technique, du moins chez nous, mais psychologique». Lorsqu'il s'est présenté, mercredi 29 octobre 2008, -entouré de deux autres responsables de la banque, MM. Karim Ben Yedder et Hussein Mouelhi-, M. Ahmed El Karam, vice-président directeur général de l'AMEN Bank, autant heureux de commenter les bons résultats de cet établissement (pnb pour les neufs premiers mois- en croissance de 12,6% à 91,3 md, des créances accrochées en baisse de 17 ,5% -en 2007- à 16,2% jusqu'en septembre 2008, une progression des commissions de 22,7% à 23,1 md, des dépôts en évolution de 17,6% à 2,4 milliards de dinars, des fonds propres -295 millions de dinars- en hausse de 8 ,3%, etc.) que soucieux de dissiper toute crainte d'une éventuelle extension de la crise financière internationale à la Tunisie. «Les ingrédients de la crise internationale n'existent pas chez nous», réitère le n°2 de l'AMEN Bank. En effet, «nous n'avons pas de surprime. Ensuite, les dépôts des Tunisiens ne peuvent pas être placés (par les banques, ndlf) à l'étranger). De même, les crédits logement sont garantis» et les impayés qu'ils génèrent «ne représentent que 0,4% de l'encours, qui s'élève à de 200 millions de dinars», précise M. El Karam. Egalement, «la titrisation, qui est à l'origine de la crise dans le monde, n'existe pas en Tunisie», rappelle le vice-pdg de l'AMEN Bank. Il en est de même du problème de liquidité qui s'est posé à l'échelle internationale. «Le marché tunisien est sur-liquide», assure le banquier en précisant qu'«un milliard de dinars cherche à se placer». Enfin, à la différence des Etats-Unis, où «les banques n'étaient pas contrôlées par la Réserve Fédérale», en Tunisie les autorités monétaires veillent au grain. Toutefois, à l'instar d'autres banquiers, analystes et responsables, M. Ahmed El Karam n'exclue pas que chez nous comme cela commence à se voir ailleurs- certains secteurs de l'économie réelle puissent pâtir des retombées de la crise financière dans les pays développés. «Personne ne peut dire comment les choses vont évoluer. Nous suivons les évènements et essayons d'aménager la situation de manière intelligente», laisse-t-il tomber. Mais sans aller jusqu'à crier «vive la crise», comme l'a fait le quotidien français «La Tribune», M. El Karm pense que «la Tunisie dont le système financier a démontré sa solidité» pourrait «faire fructifier» ses atouts.