Après le lancement récent de l'Eco label tunisien, le CITET (Centre international des technologies de l'environnement de Tunis) a organisé, le 2 courant, une journée sur la Mise à niveau environnementale des entreprises. Ce programme, qui s'inclut dans le cadre général du Programme de mise à niveau mis en place par le ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME, est un passage obligé pour l'entreprise pour la labellisation de ses produits. La mise à niveau environnementale ne concernait jusque là que les entreprises du secteur du textile, de l'agroalimentaire et du tourisme. Mme Zohra Driss, vice-présidente de l'UTICA, nous précise que seules 50 entreprises ont eu la certification ISO 14001, relative aux normes environnementales. «Un nombre réduit par rapport au nombre des entreprises certifiées en qualité ISO 9001. Aujourd'hui, nous constatons, avec regret, que l'entreprise, malgré sa conviction de la nécessité d'intégrer cette composante environnementale, reste encore réticente et n'a pas été concrètement attirée par ces programmes de certification», a-t-elle expliqué. La labellisation, porte d'accès au marché européen Reste que ces normes environnementales sont des exigences pour l'entreprise qui se déploie à l'export. Si on approche le marché européen, une politique préventive a été mise en place pour les produits exportés qui seront sélectionnés selon leur compatibilité aux normes requises. Vu que près de 80% de ses exportations sont écoulés sur le marché européen, les entreprises tunisiennes devront s'engager dans la normalisation environnementale. «Le secteur industriel consomme 36% de l'énergie finale en Tunisie, dont 30% proviennent des PME. En plus, 15 millions de m3 des eaux usées industrielles (20 m3) ne répondent pas aux normes», indique M. Nadhir H'mada, ministre de l'Environnement et du Développement durable. Avec la mise en place de l'Eco label tunisien, on espère qu'il permettra de valoriser les produits et services respectueux de l'environnement, d'où une plus grande visibilité et accessibilité des produits tunisiens sur les marchés étrangers. Pour son démarrage, le programme pilote d'accompagnement à la mise en place de l'Eco label tunisien assistera une dizaine d'entreprises dont cinq actives dans le secteur d'hébergement touristique et cinq autres dans le secteur du textile. Des programmes internationaux Il faut dire que les programmes de mise à niveau environnementale ne manquent pas, surtout au niveau de la coopération internationale. On compte trois programmes d'assistance à la mise à niveau environnementale. Le premier est le Programme tuniso-allemand pour l'environnement, qui a déjà démarré depuis 2003 et vise la prévention et la lutte contre la pollution et aussi la coopération technologique. Il a pour but de mettre en place des réseaux technologiques pour les cimenteries (fin 2006), les conserveries des fruits et légumes (fin 2008), les bâtiments écologiques (en cours), la valorisation des déchets organiques (en cours) et les industries chimiques (début 2010). Le second, c'est le Programme environnement et énergie, initié en partenariat avec l'Union européenne. Il vise à améliorer la compétitivité des entreprises tunisiennes dans les aspects environnement et énergie et promouvoir la bonne gouvernance environnementale et la réduction des pollutions. Une enveloppe de 2,390 millions d'euros a été affectée pour la mise à niveau environnementale en plus des 2,630 millions d'euros pour développer la maîtrise de l'énergie. Enfin, il le projet de production propre pour la Tunisie, initié en partenariat avec la Suisse et l'ONUDI (Organisation des Nations pour le développement industriel) pour un montant de 2.000 MDT. En premier lieu, le projet assurera la formation de compétences nationales en matière de production propre et promouvoir les investissements pour le transfert et le développement des technologies propres. Il s'agit d'un programme de sensibilisation des entreprises à l'Efficacité des ressources et production propre (ERPP). Jusque là, 40 entreprises appliquent les concepts classiques de production propre. La mise à niveau environnementale, loin de concerner l'entreprise seule ou le tissu industriel uniquement, est une exigence pour les entreprises tunisiennes pour leur ouverture sur les marchés étrangers. La réticence des professionnels à adopter les normes environnementales ne peut que nuire à l'image de l'industrie tunisienne. Une réticence que Mme Driss justifie par la multitude des programmes de certification, qui rendent les chefs d'entreprise perplexes et désorientés. Comme solutions, elle propose d'harmoniser les programmes et les interventions auprès des entreprises, de renforcer les expertises nationales existantes, d'établir une concertation effective entre les fédérations et le professionnels et d'assouplir les moyens et les incitations des fonds et des crédits.