Face à une véritable «bombe climatique» qui menace sérieusement la Tunisie, les experts du ministère de l'Environnement et du Développement durable s'emploient, actuellement, à élaborer trois stratégies aux fins d'adapter le pays aux changements climatiques que notre pays va en subir, malgré elle, les conséquences. Empressons-nous de rappeler que les études menées, jusqu'ici, par des climatologues de l'Association tunisienne des sciences de la mer (ATSM) et de celle des changements climatiques et du développement durable (2C2D) sont catégoriques sur le sujet : en Tunisie la majorité des systèmes et écosystèmes sont vulnérables et exposés aux risques des changements climatiques. L'étude dresse un tableau noir et cite une panoplie de risques : augmentation des températures, élévation du niveau de la mer, dégradation et perte d'écosystèmes aquatiques, accentuation des contrastes saisonniers, appauvrissement de la faune aquatique (disparition de certaines espèces) La liste ne s'arrête pas là. Elle prévoit l'élimination ou du moins la diminution de certaines espèces faunistiques, banalisation des peuplements des zones d'espèces spécifiques, déficit hydrique, raréfaction de certaines espèces (exemple: barbeau désertique, poisson d'eau douce) ., perte de la diversité biologique et fragilisation des écosystèmes littoraux et marins. L'érosion marine menace environ 100 km des côtes. Une véritable bombe climatique à l'horizon. Pour s'adapter, les climatologues du ministère de l'Environnement et du Développement durable vont élaborer, dans un premier temps, une stratégie qui devrait aboutir à la mise en place d'un système d'alerte précoce. L'objectif est de protéger, à temps, la communauté nationale des conséquences imprévisibles de phénomènes climatiques extrêmes. Dans un second temps, ils auront à mettre au point une stratégie pour adapter le secteur touristique à la nouvelle donne climatique. L'enjeu est de taille lorsqu'on sait que l'essentiel de l'infrastructure touristique est localisé sur le littoral. Ce plan est une composante de la stratégie globale sur le secteur à l'horizon 2016. Sur le long terme, ils projettent d'élaborer une stratégie à l'horizon 2050. Il s'agit d'un tableau de bord qui aura pour mérite d'améliorer la visibilité de la situation au double plan national et international. Il comportera un portefeuille de projets qui seront soumis au financement de bailleurs de fonds. La Banque mondiale s'est déjà engagée à appuyer les efforts de la Tunisie pour améliorer les pratiques de gestion des terres (conservation de l'eau et du sol, promotion de la petite irrigation, l'agroforesterie et les parcours ). L'objectif est d'atténuer la vulnérabilité des communautés rurales et de développer une capacité à gérer les impacts du changement climatique.