Au chapitre de la réparation des dommages causés à l'environnement, c'est probablement le plus gros morceau : la lutte contre la prolifération des déchets produits par l'Homme, qu'ils soient ménagers ou industriels. Ce dossier absorbe en effet une grande partie des moyens et des efforts du ministère de l'Environnement et du Développement durable. Au total, la Tunisie produit 2,2 millions de tonnes de déchets, indique M. Nadhir Hamada, qui dirige ce département ministériel. Et la mission est d'autant plus difficile et absorbante que les déchets sont nombreux et divers : sacs en plastique, huiles utilisées, margine, composants électroniques, etc. Grâce aux efforts déployés notamment au cours du dernier Plan de développement économique durant lequel le gouvernement a investi 61,5 millions de dinars dans la réalisation de décharges-, la Tunisie arrive aujourd'hui à «maîtriser près de 85% du volume de ses déchets», précise le ministre. Les huiles lubrifiantes usagées constituent un des problèmes qui restent à résoudre. «Certaines entreprises ne gèrent pas bien ces huiles dont une partie s'infiltre dans la terre», a fait remarquer un député lors du débat sur l'environnement, organisé mardi 2 mars 2010 à la Chambre des députés. En raison du danger que représentent ces huiles renfermant des métaux lourds, et dont les quantités utilisées ont augmenté fortement au fils des ans près de 50.000 tonnes par an- en raison du développement exponentiel du parc de moyens de transport, le législateur a promulgué en 1996 une loi relative aux déchets et au contrôle de leur gestion et de leur élimination, fixé en 2002 les règles commandant ces opérations et créé en juillet 2004 un système public de reprise et de régénération baptisé "Eco-Zit". L'ANGeD (Agence Nationale de Gestion des Déchets), qui gère ce dispositif, a chargé la SOTULUB (Société Tunisienne de Lubrifiants) la seule société à opérer sur ce segment depuis 25 ans- d'effectuer les opérations de collecte, de stockage et de régénération des huiles lubrifiantes usagées. Un rôle auquel les autorités tiennent particulièrement. «Nous sommes soucieux d'éviter le versement des huiles usagées dans les canalisations parce qu'elles sont des inhibiteurs des stations d'épuration», explique M. Nadhir Hamada. Les déchets plastiques sacs et bouteilles- sont un autre casse-tête pour le ministre de l'Environnement et du Développement durable. La Tunisie importe 250 millions de tonnes de grains de plastique qui génèrent 40 tonnes de déchets dont seulement 15 sont recyclées. Pour endiguer et combattre ce phénomène, la Tunisie a décrété l'année 2005 «année de la lutte contre les emballages en plastique» et a mis en place un plan pour ce faire. Grâce à quoi une solution durable, pour ne pas dire définitive, à ce problème se profile déjà à l'horizon : les sacs en papier, dont la filière est en train de se mettre en place. Après l'élaboration par l'INNORPI (Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle) de normes pour préparer un cadre légal pour le lancement de cette activité, les pouvoirs publics sont en train de négocier les prix de ces sacs alternatifs avec les industriels. Car, rappelle le ministre de l'Environnement et du Développement durable, le temps presse : les pays développés vont interdire l'utilisation des sacs en plastique à partir de 2011 et «nous souhaitons que la Tunisie fasse comme eux», note M. Nadhir Hamada.