L'objectif est d'établir une relation structurelle profonde et durable qui ne soit plus limitée aux sujets économiques et commerciaux. M. Füle, qui tenait une conférence de presse au terme d'une visite de travail en Tunisie (29-30 mars 2010), a annoncé que la Tunisie dont on attendait, depuis deux ans, l'engagement dans ce processus, vient de présenter (il y a dix jours), ses propositions concernant ce statut. En sa qualité de commissaire européen en charge du tout nouveau portefeuille dédié spécifiquement à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, M. Füle se dit «déterminé à travailler sans relâche à la concrétisation de ce statut et son corollaire l'approfondissement des relations par ailleurs déjà solides entre la Tunisie et l'Union Européenne». Saga d'un processus A souligner au passage qu'à l'occasion de cette visite, l'Union européenne a accordé un budget de 240 millions d'euros pour la coopération technique et financière avec la Tunisie pour la période 2011-2013. Pour mémoire, lors de la 7ème session du Conseil d'association (11 novembre 2008), la Tunisie avait plaidé pour un partenariat renforcé dans le même esprit que le «Statut Avancé» auquel ont accédé des pays comparateurs comme le Maroc, l'Ukraine et Israël. L'UE avait répondu positivement au souhait de la Tunisie et fait part de sa disposition à étudier avec bienveillance cette question. Les discussions ont été entamées, en juin 2009, à Tunis, par le Comité d'Association Tunisie-Union européenne (UE), instance d'experts chargée de gérer l'accord de partenariat entre les deux parties. Seulement aucun engagement n'a été pris. Tous les dossiers délicats ont été examinés : le politique (droits de l'homme, libertés publiques et démocratie) ; l'économique (libéralisation des échanges des services et produits agricoles) ; le social (émigration et libre circulation des personnes), et le sécuritaire (lutte contre le terrorisme, sécurité aéronautique et maritime). Tunis et Bruxelles vont poursuivre les négociations, en 2010, et engager un débat sur une plus grande harmonisation des législations. Le but est de faciliter les échanges économiques et humains dans une perspective d'intégration économique et sociale accrue. Dans le domaine de la gouvernance, les discussions porteront sur les moyens d'institutionnaliser le partenariat politique, de consolider l'Etat de droit et de moderniser les rouages de la justice. Avantages du Statut Avancé Le Statut Avancé, statut se situant entre celui d'Associé et de Membre de l'UE, va se traduire par un raffermissement de la coopération à tous les niveaux, notamment en matière de politique étrangère. Quant aux avantages que les deux parties pourraient en tirer, ils sont multiples. Sur le plan politique, ce Statut Avancé prévoit l'organisation de sommets réguliers UE-pays associés et la participation des pays associés aux opérations européennes de gestion de crise. Sur le plan diplomatique, il s'agit pour les deux parties de coordonner leurs positions dans le cadre de l'Organisation des Nations unies (ONU) et d'autres institutions multilatérales. Sur le plan économique, ce statut inclurait la «mise en place d'un espace économique commun calqué sur le modèle des règles régissant l'Espace économique européen (l'UE plus la Suisse, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein). De plus, la Tunisie, forte d'un Statut Avancé, pourrait participer à quelques agences européennes : Eurojust, Europol, l'Agence européenne de la sécurité aérienne ou l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanes. S'agissant de la dimension humaine, le Statut Avancé vise à promouvoir la coopération en matière de formation et de recherche, l'encouragement de partenariats entre les institutions de recherche et la mise en place de plates-formes technologiques impliquant les entreprises. Le Statut Avancé a, également, pour but une grande implication des entités territoriales, des acteurs économiques et des partenaires sociaux des deux parties, en créant des commissions mixtes de parlementaires, en intensifiant les échanges de visites entre partis politiques et en uvrant à donner à la Tunisie un statut d'observateur au sein du Conseil de l'Europe. Les Européens sont confiants quant aux chances réelles de la Tunisie d'accéder, dans les meilleurs délais, à «un Statut Avancé» dans ses relations avec l'Union européenne (UE). Pour, M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur, Chef de la délégation de la Commission européenne, «la Tunisie est suffisamment avancée dans son rapprochement avec l'Union européenne pour accéder à ce statut».