Il y a des initiatives qui ont un caractère d'opération de séduction. Cet appel à partenariat lancé par le technopôle d'El Gazala, temple national des IT à son homologue mfc-El Fejja Monastir dédié au textile, est de cette nature-là. Cela s'est fait dans le cadre des rencontres méditerranéennes des IT et multimédia dénommées «e-3m» organisées par le technopôle d'El Gazala en tandem avec le pole de compétence de Marseille les 10 et 11 courant. C'est la huitième édition de cette manifestation et elle a choisi le thème des «IT comme levier efficace de la compétitivité du textile/habillement». Quand les IT diffusent en transversalités, c'est-à-dire se mettent au service des autres secteurs de l'économie, il faut s'attendre à des redéploiements industriels majeurs. Le partenariat ci-dessus évoqué a, par conséquent, valeur d'exemple. Le textile, un secteur à l'affût d'un supplément de valeur ajoutée A n'en pas douter, le textile est notre secteur fétiche. Pour l'emploi, d'abord. Il y a plus de 300.000 salariés directs qui exercent dans le textile. Par ses exportations, ensuite. Plus de 5.000 millions de dinars de recettes. Mais plus de 3.000 millions de dinars d'importations, en équipements et en sourcing. Le secteur, pour des raisons de pérennité et de rentabilité, est à l'affût d'un supplément de valeur ajoutée. Le textile/habillement a eu l'énergie nécessaire pour se tirer d'affaire après le démantèlement tarifaire et la fin des accords multifibres qui ont livré le marché européen -son aire marchande naturelle- aux exportations asiatiques, celles-là mêmes qui le concurrençaient sur ses segments favoris. Il a eu suffisamment de ressort commercial et de génie industriel pour se redéployer vers les moyennes séries et les réassorts. Il a encore plus de mérite, tout entouré de l'appui nécessaire des pouvoirs publics, pour aller vers une intégration industrielle en amont. Et c'est cette remontée de flux qui sera facilitée par la promotion du technopôle d'El Fejja-Monastir. Le secteur textile/habillement est à la veille d'un deuxième départ dans la vie. C'est un tournant qui va conditionner son offre commerciale. Demain, les opérateurs tunisiens pourront aller sur le marché avec une offre globale. Ils seront par conséquent maîtres de leurs prix et de leur marge. Vu sous cet angle, le rapprochement ITtextile s'avère stratégiquement, opportun. Le «New deal» IT-textile : un pari sur les compétences Les organisateurs des journées méditerranéennes ont veillé à délimiter une aire technologique de coopération entre les deux secteurs. Et ils ont visé juste. Les IT sont, et il n'y a même pas besoin d'en faire la démonstration, un outil efficace pour faire progresser la productivité du secteur et donc sa compétitivité. A l'évidence, le textile a dû «flirter» avec les IT pour des applications techniques et aussi de gestion. Mais le deal ici concerne le mas customizing. L'application la plus emblématique avait été exposée par le professeur Tawfik Jelassi, président de l'Ecole Centrale de Paris, pour la diplômation en MBA était celle de LEvi's, le fabricant de jeans américain qui avait formaté son système d'information de sorte que les ordres de coupe des vêtements émanent directement des clients. Sorti de chaîne, le pantalon ou la chemise était aux mensurations de son destinataire. Plus besoin de retouches et Levi's de régner sur son marché. Il faut imaginer, par-delà la croissance du chiffre du secteur et de sa valeur ajoutée, la mutation que pourrait connaître le secteur. Il est vrai que, pendant longtemps, son image était brouillée parce qu'il employait surtout une main-d'uvre peu qualifiée. Demain le textile/habillement emploierait en masse des techniciens de haut niveau et des ingénieurs ! La jolie pirouette russe ! Mais qu'est-ce qu'on attend ?