Volte-face, mea culpa, virage à 180 degrés ou simplement fuite en avant ? L'interview accordée au journal La Presse par M. Lotfi Zitoun, conseiller politique du Chef du gouvernement, laisse supposer toutes ces considérations à la fois. Les passages choisis de l'interview fleuve du nahdhaoui sont susceptibles d'éclairer l'internaute : « Le peuple a choisi de façon à ce que la constitution et la gestion du pays soient distribuées sur l'ensemble des tendances politiques. Maintenant, il faut dire les choses comme elles sont, oui cette élite a échoué et n'a pas été à la hauteur de la confiance placée en elle. Je pense aussi que le peuple tunisien aurait été satisfait si nous avions réussi à former un gouvernement d'union nationale, plutôt que la division actuelle. Et de voir cette période de transition exclusivement consacrée à la rédaction de la Constitution et à la promulgation de certaines lois indispensables. Or, nous nous sommes trouvés dans une situation conflictuelle d'un pouvoir qui se défend et d'une opposition qui demande des comptes. Nous avons renoncé rapidement à l'esprit du 18 octobre. Ce pacte qui a uni les islamistes et les démocrates et qui constitue le meilleur et la plus importante production de l'élite politique. L'accord du 18 octobre, c'est un consensus sur les questions les plus litigieuses, le code du statut personnel, la question de la femme, la place de la religion, la démocratie. Mais nous avons tous renoncé à cet acquis. Nous ne sommes pas les seuls fautifs; certains comme Néjib Chebbi qui était l'un des porte-flambeaux du 18 octobre, ont préféré faire cavalier seul ». A propos du salafisme, M. Zitoun pense que « ce courant peut devenir d'une violence extrême, similaire à celle de l'Algérie ou de l'Afghanistan. Nous voulons donner l'occasion aux jeunes d'écouter un nouveau discours. Nous voulons lancer un dialogue et les séduire pour les ramener à la légalité et la démocratie ». Au sujet de l'échéance du 23 octobre, le conseiller politique du Chef du gouvernement note que « c'est un engagement moral, sauf cas de force majeure. Pour ma part, j'ai été étonné du calendrier que j'ai vu avec toutes ces pauses. C'est un rendez-vous réel et pour le dépasser, il faut qu'on se mette autour d'une table et qu'on parle. Il faut qu'il y ait un accord de l'ensemble des parties prenantes, accord sur les étapes qui vont succéder également. Peut-être que nous serons appelés à remettre en avant un gouvernement d'union nationale. Il faut qu'on soit d'accord sinon, c'est toute la transition démocratique qui sera en péril ».