En dépit de beaucoup de cœur à l'ouvrage et d'un volume de jeu appréciable, Mehrez Ben Ali avait de quoi faire grise mine après le cinglant revers du Mhiri. Le CSS a liquidé le CA et au coach intérimaire clubiste de remettre les pendules à l'heure sans délai aujourd'hui face à l'AS Kasserine. Avoir les crocs, c'est ce qui est demandé à un champion sortant qui tarde à prendre son envol et à retrouver les hautes sphères. Le staff technique s'y attelle forcément aux entraînements. Mettre en avant une certaine notion de proximité pondérée et gérer le facteur émotionnel. Car si la psychologie possède une place capitale dans la réussite d'une équipe, l'une des difficultés pour l'entraîneur réside dans la capacité à motiver sur la durée. Pour mobiliser, il faut parvenir à faire progresser sans jamais lasser. Pousser ses poulains vers une réflexion permanente (ils doivent avoir leurs propres opinions), dédramatiser, maîtriser certains fondamentaux de la psychologie du joueur. Bref, le choix des mots prononcés permet également de mettre en lumière la nécessité pour un entraîneur de savoir garder ses troupes sur le qui-vive. Il n'est pas ici question d'attendre un discours patriotique du coach. Mais de ne pas basculer dans la dramaturgie. Car les défaites en football plombent l'ambiance et favorisent le doute. Aux joueurs leaders, tels que Nater, Ben Yahia et Ifa, de faire preuve d'une entière dévotion au groupe, montrer la voie à suivre et prêcher la bonne parole... Etre à fond sur le dos d'un joueur peut avoir du bon. C'est valable pour des éléments tels que Bassem Srarfi, Kader Oueslati et Brahim Chenihi. Pour ce dernier, le staff technique n'attend pas qu'il change son jeu, mais il veut plus de rage de sa part, le voir entrer comme un gladiateur sur le terrain, avoir faim de la première à la dernière minute. Parfois, il faut savoir bousculer un joueur pour lui faire prendre conscience de son potentiel. Le danger avec ce genre de perle, tel que Chenihi, c'est de se dire qu'il faut le brosser dans le sens du poil, qu'il ne faut surtout pas le fâcher. Or, il faut le forcer à donner le meilleur de lui-même, sinon on fait fausse route. La confiance d'un joueur, son bien-être, son épanouissement et, donc, ses bonnes performances sur le terrain passent aussi par la relation qu'il entretient avec son entraîneur. Cela lui permet de franchir un cap et même d'enclencher un mécanisme de réciprocité. Car en tissant des liens solides, et grâce à une prise de position du staff envers son poulain, le joueur peut se sentir immédiatement redevable. Mehrez Ben Ali est-il un adepte de ce genre de procédé ? Ça se discute quoique ça demande une grande intensité à tous les joueurs pendant l'entraînement. En clair, les situations changent, mais l'équation reste la même. Il faut parvenir à instaurer un véritable climat de confiance avec son joueur, lui faire prendre conscience que l'intérêt collectif est primordial tout en conservant une certaine position de force. Détendre l'atmosphère et dissiper les tensions, c'est ce à quoi s'est attelé le timonier provisoire récemment. Garder aussi une certaine distance reste primordial pour ne pas affaiblir son autorité. Une donnée d'autant plus essentielle avec la nouvelle génération des Ouedherfi, Khlil, Ghazi Ayadi et consorts. Il faut de toute évidence être un manager d'hommes pour gérer des ego, des personnalités différentes et motiver des joueurs qui ont déjà tout mais qui ont encore tout à prouver.